Antonio Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies
En application de la résolution 2468 (avril 2019), adoptée par le Conseil de Sécurité (CS) de l’Organisation des Nations Unies (ONU), par laquelle le mandat de la Minurso a été prolongé de six mois supplémentaires (31 octobre 2019), le Secrétaire Général (SG) des Nations Unies, Antonio Guterres, a soumis son rapport sur la situation au Sahara durant les six derniers mois.
Le mois d’avril de chaque année était synonyme de tractations à l’ONU et d’une résolution du Conseil de sécurité, en prélude à l’adoption des résolutions onusiennes sur le Sahara. Or, depuis 1 an et demi, ce rapport est devenu semestriel. Dans ce contexte, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a soumis il y a quelques jours, aux pays membres du Conseil de sécurité, son rapport sur le développement de la situation au Sahara et le climat ayant marqué l’exercice, par la Minurso, de sa mission sur le terrain, depuis que son mandat a été prolongé de six mois supplémentaires, en avril dernier. Dans ce rapport, Antonio Guterres a dressé un bilan d’étape du dossier du Sahara, l’engagement des uns, mais pas des autres, pour trouver une issue à ce conflit, outre les obstacles qui empêchent la Minurso de mener sa mission dans des conditions optimales.
Guterres confiant pour la suite
Le Secrétaire général des Nations Unies a d’abord redit sa volonté et sa conviction quant à une solution du différend autour du Sahara. Guterres a toutefois indiqué que toute solution à ce conflit, nécessite l’engagement de toutes les parties concernées. «Je reste convaincu qu’une solution à la question du Sahara est possible. Cela dit, pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable conformément aux résolutions 2440 (2018) et 2468 (2019) du Conseil de sécurité, il faudra une volonté politique forte de la part des parties et de la communauté internationale», a précisé le SG de l’ONU dans son rapport, (Paragraphe 8, alinéa 77).
Le Maroc félicité
Concernant la position du Maroc et son engagement en faveur d’une solution définitive à la question du Sahara et sa coopération avec la Minurso à cet effet, le SG des Nations Unies s’est félicité de la coopération du Royaume avec la Mission onusienne, notamment par le biais les Forces Armées Royales (FAR). Antonio Guterres a souligné, à ce propos, que c’est grâce à cette coopération que la Minurso a été en mesure de «régler toutes les questions en suspens». «(…) la coopération dont le Maroc a fait preuve dans le règlement des violations décrites dans mon précédent rapport au Conseil de sécurité, et j’engage instamment les deux parties à coopérer pleinement avec la Minurso, en respectant l’impartialité de ses conclusions, pour régler toutes les violations en suspens», a précisé Antonio Guterres, (Paragraphe VIII, alinéa 82).
Il a en outre, rappelé la position ferme et constante du Maroc sur le dossier du Sahara. Abondant dans ce sens, l’alinéa 13 du paragraphe II, a rappelé le discours prononcé par SM le Roi Mohammed VI, le 29 juillet 2019, à l’occasion du 20ème anniversaire de la Fête du Trône. Le Souverain y avait réitéré l’engagement du Maroc dans le processus politique devant aboutir à une solution définitive au conflit autour du Sahara. Dans le même paragraphe et le même alinéa, le contenu de la lettre adressée par le Représentant Permanent du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale, au Secrétaire général des Nations Unies, a été rappelé. Hilale y a expliqué à Guterres, que les affrontements qu’avaient connus Laâyoune ont été attisés par un groupe d’individus qui, profitant de la victoire de l’Algérie à la Coupe d’Afrique, ont tenté de semer le trouble dans la ville.
Le Polisario recadré non pas une, mais deux et trois fois
S’agissant les activités de la Minurso, le numéro un de l’ONU a enjoint une nouvelle fois, aux séparatistes de se conformer à la pratique établie depuis la création de la Mission onusienne. Il a rappelé que cette pratique consiste à rencontrer les hauts fonctionnaires de la Mission onusienne. Pour Antonio Guterres, ces rencontres doivent impérativement se dérouler, dans le cas du Polisario, dans les camps de Tindouf et non à l’Est du dispositif de défense au Sahara.
«J’espère que, pour sa part, le Front Polisario renouera avec son ancienne pratique consistant à rencontrer les dirigeants de la Minurso à Rabouni (…) le Front Polisario continue de refuser de rencontrer les dirigeants, tant civils que militaires, de la Mission à Rabouni, où toutes les réunions se sont tenues par le passé, conformément à un usage établi de longue date», (Paragraphe II, alinéas 54 et 55). En allant plus dans le détail, Guterres a déploré le fait que «la Minurso demeure privée d’accès à tout interlocuteur local à l’ouest du mur de sable, ce qui nuit à sa capacité de recueillir des informations fiables, d’évaluer la situation dans sa zone de responsabilité et d’en rendre compte. Cette situation entrave également la Minurso dans l’exécution de son mandat», (Paragraphe II, alinéa 56).
Il s’agit là, du troisième rapport successif où le Secrétaire Général de l’ONU somme le Polisario de recevoir officiellement et de tenir des réunions avec les fonctionnaires de la Minurso à son siège, à Rabouni, en Algérie. Il est également adéquat de signaler que la position ferme du Secrétaire général de l’ONU vis-à-vis du lieu de réunions entre les fonctionnaires de la Minurso et le Polisario à Rabouni, en territoire algérien et non à l’Est du dispositif de défense au Sahara, bat en brèche l’ensemble des allégations des séparatistes. En effet, ces derniers ne cessent de défendre les thèses de soi-disant «territoires libérés», ou encore un prétendu contrôle à l’Est du dispositif de défense.
Droits de l’Homme: les exactions sont légion à Tindouf
Le rapport préliminaire du Secrétaire général des Nations Unies, s’est longuement attardé sur la situation humanitaire dans les camps de Tindouf. Ainsi, Antonio Guterres a énuméré les exactions commises par les responsables séparatistes dans ces prisons à ciel ouvert. Dans le paragraphe V, alinéa 71 dudit rapport, le Secrétaire général de l’ONU a fait savoir que «le HCDH, (Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, ndlr), a reçu des informations selon lesquelles les forces de sécurité du Front Polisario auraient harcelé, arrêté et détenu arbitrairement un blogueur et un défenseur des droits de la personne travaillant à rendre compte des violations commises dans la région et leur avaient infligé des mauvais traitements (…) alors que tous deux dénonçaient la gestion des camps de Tindouf sur les médias sociaux».
Genève I et II: de bon augure pour l’avenir
Dans la partie du rapport (paragraphe 8, alinéa 89) traitant des tables rondes de Genève I et II, organisées sous les auspices des Nations Unies et présidées par l’ancien Emissaire de l’ONU au Sahara, Horst Köhler, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a salué l’action et l’engagement de Köhler. Aux yeux de Guterres, Köhler est parvenu à insuffler une nouvelle dynamique au dialogue quadripartite entre le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Polisario, en vue de trouver une solution au dossier du Sahara. Toutefois, le SG de l’ONU a appelé de tous ses vœux, «(…) les parties à faire des gestes actifs de bonne foi qui démontrent leur volonté de progresser vers une solution politique du conflit, et à s’abstenir de toute rhétorique susceptible de nuire à une telle issue» (Paragraphe 8, alinéa 78).
Enfin, le rapport reprend les éléments de la Résolution 2468, adoptée le 30 avril 2019, notamment son soutien à l’initiative d’autonomie, qualifiée de crédible et sérieuse par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, depuis sa présentation par le Maroc, en 2007.
Mohcine Lourhzal