Le retour du Maroc au sein de l’Union Africaine (UA) est fructueux à plus d’un titre. La présence effective du royaume aux travaux du 29ème Sommet de l’instance panafricaine lui a servi à défendre la question de son intégrité territoriale.
Sur ce point précis, le Maroc a gagné des points et s’est même dit satisfait du débat et des décisions qui ont été prises, concernant la question du Sahara marocain. C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé Nasser Bourita, ministre des AE et de la Coopération internationale, à l’issue de ces assises africaines, en faisant savoir qu’«on est dans une logique où les réalités commencent à être posées sur la table». «Les manœuvres, les tergiversations ont été écartées. Aujourd’hui, on a des positions qui vont dans le bon sens», a ajouté le ministre.
La résolution adoptée «constitue une évolution» à trois niveaux. D’abord sur le rapport du COREP (Comité des Représentants permanents de l’UA), un texte adopté depuis 7 ans et qui a été présenté, demande à la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples «d’effectuer une mission dans les territoires occupés de la RASD». Ce genre de texte était adopté de manière facile, quasi automatique par le passé, parce que des pays considéraient que cette organisation était un instrument pour faire avancer des agendas et l’Organisation a été prise en otage. Aujourd’hui, les choses sont plus claires, puisque le texte adopté est complètement différent de celui qui a été adopté au cours des huit dernières années. Il reflète une réalité de quelques pays qui proposent cette mission. Il y a une grande majorité de pays qui la rejettent fortement et donc, le rapport s’est contenté de refléter cette divergence de positions et a appelé à un dialogue constructif.
En second lieu, on relèvera la très importante résolution qui a été prise par le Sommet sur la question du Sahara. Car elle reconnaît le leadership de l’ONU et souligne que la gestion du dossier est à New York. L’UA peut et doit même soutenir ce processus. La Conférence engage le président de l’UA, Alpha Condé, président de la Guinée et de la Commission de l’Union africaine (CUA) et le Tchadien Moussa Faki Mahamat, sur la base de l’accord-cadre signé entre l’UA et l’ONU, le 19 mai 2017 à New York, à assurer le soutien approprié aux actions, pour soutenir les efforts des Nations Unies, afin de parvenir à un accord sur une solution consensuelle et définitive du conflit.
Le 2ème niveau d’évolution porte sur la définition de la solution à travers un langage onusien. Un langage qui reprend la légalité internationale et les paramètres de la solution définis par le Conseil de sécurité depuis 2007, à savoir que la solution devrait être une solution politique, mutuellement acceptable, sur la base d’une négociation. Ainsi, toute la terminologie d’avant, le référendum et les schémas qui étaient imaginés, ne sont plus mentionnés dans cette résolution qui évoque plutôt une solution consensuelle et définitive du conflit.
Le troisième niveau d’évolution de la résolution adoptée, réside dans le fait que la Conférence salue la nomination, par le SG de l’ONU, d’un nouveau représentant accepté par les parties au conflit, en la personne de Horst Kohler, ancien président d’Allemagne. En effet, une vingtaine de pays membres de l’Union africaine ont émis, à Addis-Abeba, une forte réserve concernant la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’UA sur le Sahara, qui appelle le Maroc et la pseudo RASD à s’engager dans des pourparlers directs et sérieux et à apporter la coopération nécessaire aux organes politiques de l’UA, à la Commission et au Haut représentant de l’UA pour le Sahara.
La Commission de l’Union africaine s’est d’ailleurs prononcée pour une solution «consensuelle» du conflit artificiel autour du Sahara marocain, se félicitant par la même occasion de l’intention du nouveau représentant du SG de l’ONU de lancer une nouvelle initiative, pour un règlement pacifique du conflit.
Hamid Dades