De plus en plus, le conflit du Sahara apparaît aux yeux du monde dans sa vérité crue: c’est-à-dire un conflit entre le Maroc et l’Algérie. Les Sahraouis, eux, sont divisés entre les deux pays. Les derniers épisodes de ce dossier ont fini de convaincre les plus sceptiques:
l’acteur qui s’engage entièrement dans ce conflit, celui qui mobilise, contre le Maroc, sa politique intérieure, sa diplomatie et tous les moyens financiers nécessaires, c’est le pouvoir algérien.
Au lieu d’un rôle historique de réconciliateur, qui lui aurait valu la reconnaissance éternelle des parties au conflit, du Maghreb et de l’ensemble de la communauté internationale, le pouvoir algérien a choisi un rôle historique de conspirateur, faisant de cette guerre une affaire personnelle, où tous les coups (et coûts) sont permis.
Pour quel résultat ? A ce pouvoir d’apprécier…
Le fait est que cette rivalité (le mot est faible) braque, certes, régulièrement les projecteurs sur les défaillances du Maroc, mais elle le pousse par la même occasion à s’attaquer à ces défaillances. C’est un mal pour un bien.
Ainsi, par exemple, la ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Mbarka Bouaida, recevait, ce 11 décembre à Rabat, le président du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire (GTDA), El Hadji Malick Sow, en visite dans le Royaume jusqu’au 18 décembre, à la tête d’une importante délégation. Cette visite a pour objectif d’éclairer les experts du GTDA sur les réformes lancées par le Maroc dans les domaines de la justice et des droits de l’Homme, notamment en ce qui concerne la détention arbitraire. C’est un grand pas dans le domaine des droits de l’homme.
Pour autant, il est regrettable que le Maroc comme l’Algérie en soient réduits à comptabiliser leurs succès diplomatiques l’un par rapport à l’autre, voire l’un contre l’autre.
Que le Roi du Maroc développe d’excellents rapports avec les chefs d’Etat et de gouvernement de France ou d’Espagne, ou encore qu’il réussisse sa visite officielle aux Etats Unis, cela devrait être considéré comme autant de succès diplomatiques à l’actif du Maroc, applaudis en tant que tels ? Eh bien, non, le pouvoir algérien prend cela comme autant de coups portés à l’Algérie et se met en position de juger le Maroc, mais aussi d’embarrasser les Etats tiers qui se voient sommés de choisir entre le Maroc et l’Algérie. C’est un cas inédit dans le monde !
Ces dernières semaines, le Maroc a enregistré plusieurs succès diplomatiques, dont le dernier est le vote de l’accord de pêche entre le Maroc et l’UE à une large majorité (310 pour, 204 contre) au Parlement européen. Le lobbying de l’Algérie et de ses protégés séparatistes, «qui s’est étalé sur trois ans et a mobilisé des moyens colossaux», déclaraient à la télévision les membres de la délégation marocaine présente à Strasbourg, n’aura ainsi servi à rien.
Les séparatistes et leurs mentors n’avaient pas oublié non plus la carte «Manif» au Sahara, dont les slogans disaient tous non à la signature de l’accord de pêche. Il y aurait même eu une manifestation seins nus, à la Femen, pour appuyer le non (au moment de l’écriture de ces lignes, nous n’avions pas encore de photos prouvant ces faits).
En vain. Ni poisson, ni sein nus ne changeront rien au fond du problème.
Et encore moins l’enthousiasme exagéré du chef de file du Polisario qui, parce qu’il s’est trouvé près de Barack Obama, au stade de Soweto, lors de la cérémonie en hommage à Nelson Mandela ; et que le Président américain l’a salué, parce que c’est un homme poli, veut y voir un geste politique de possible soutien. (Président Obama qui a tout autant salué Raoul Castro, président de Cuba, l’ennemi juré. Le soutient-il pour autant ?).
Dans son dépit, le Polisario n’a d’autre recours que les menaces. Il en profère à l’encontre le Parlement européen. Mais cela non plus n’apportera pas de solution au fond du problème… Les appels fusent de toutes parts et notamment des instances onusiennes pour une solution négociée «juste, durable et mutuellement acceptable» (une formule que certains ont fait mine de découvrir lorsque la Maison Blanche l’a reprise à l’issue de la rencontre du Roi Mohammed VI avec le Président Obama il y a quelques jours, alors qu’elle figure dans toutes les résolutions de l’ONU depuis que le Maroc a proposé l’autonomie élargie, en 2007). L’Assemblée générale vient de réitérer cet appel, mais… Il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre !
Bahia Amrani