Pour sa 37ème édition, le «Livre Paris 2017» (créé en 1981), appelé communément «Salon du livre de Paris», a accueilli le Maroc en tant qu’invité d’honneur.
Le Maroc est le premier pays arabe et africain «invité d’honneur». Au-delà du Maroc, c’est toute l’Afrique qui a été distinguée cette année. Un pavillon des Lettres africaines, le premier du genre, a permis au public de rencontrer des auteurs venus de douze pays d’Afrique francophone, en particulier de Côte d’Ivoire, mais aussi le prix Nobel de littérature, le Nigérian Wolé Soyinka.
Pour la première fois depuis sa création, le Salon met en lumière les lettres et la culture d’un pays du monde arabe, témoignant ainsi de la richesse des échanges entre le Maroc et la France sur le plan littéraire. Plus de 60 auteurs et plus de 1.000 titres ont été exposés, pour montrer la diversité d’une littérature qui s’illustre aussi bien dans le roman, la nouvelle et la poésie, que dans le conte et l’essai. Mais la littérature marocaine ne se résume cependant pas à ses auteurs francophones. C’est pour cela qu’il y avait des ouvrages en arabe classique et dialectal, en berbère…
Pour Fouad Laroui, «Le caractère vraiment spécifique de la littérature marocaine est qu’elle s’exprime en plusieurs langues. On dirait que nous n’avons pas vraiment de langue nationale. C’est curieux et unique». Plusieurs maisons d’édition étaient au rendez-vous, à savoir Bouregreg, La Croisée des Chemins, Le Fennec, Malika, Marsam, Nouiga, Yanbow Al Kitab et Yomad.
Dans un pavillon d’une superficie de 450 m², une grande librairie a présenté les productions marocaines dans toute leur diversité de genres littéraires et de langues (français, arabe, amazigh…), mais également des conférences, tables-rondes, rencontres, dédicaces, hommages et autres animations autour de différentes thématiques. Une palette d’auteurs marocains était présente à cette manifestation, entre autres Tahar Benjelloun, Mahi Binebine, Abdelattif Laabi, Fouad Laroui, Mohamed El Achaari, Mohamed Bennis, Maria Guessous, Bahaa Trabelsi, Mai-do Hamisultane Lahlou, Khalid Lyamlahy, Reda Dalil, Abdelillah Hamdouchi…
L’événement a eu également une pensée à des auteurs qui ont marqué la littérature marocaine, comme Ahmed Sefrioui, souvent considéré comme le premier écrivain marocain d’expression française, Driss Chraïbi et, en arabe, Mohamed Choukri qui a secoué les mœurs à travers son «Pain nu», Mohamed Zafzaf ou encore Mohamed Aziz Lahbabi, premier écrivain arabe à être pressenti pour le Prix Nobel de littérature. Le sociologue et écrivain français résidant au Maroc, Jean Zaganiaris, a déclaré à l’AFP: «Dans la littérature marocaine de langue française, (…) l’expression n’est pas forcément française». Les auteurs marocains «combinent dans leur tête le français, l’arabe dialectal ou l’amazigh. Et ils jouent avec cela». A travers cette grande manifestation culturelle, la littérature marocaine a eu une grande visibilité pour toucher un large lectorat qui, malgré les nouvelles technologies, reste fidèle au «papier». En effet, une étude du Centre national du livre (CNL) a publié que les Français lisent de plus en plus et aimeraient lire davantage s’ils en avaient le temps. En attendant de mettre en place un partenariat autour de la question de la traduction, cette manifestation littéraire a prouvé encore une fois la force du Maroc qui est dans sa diversité.
HD