C’est parti pour le programme anti-sécheresse. Le plan de sauvetage du cheptel – très attendu par les éleveurs- a été au centre d’une rencontre au ministère de tutelle, il y a quelques jours. L’annonce de ce programme est imminente.
La situation étant préoccupante, tous les responsables du département de l’agriculture – centraux et régionaux- étaient présents à cette réunion pour finaliser ce programme d’urgence qui sera annoncé dans les jours qui viennent. «Il y a un programme qui se prépare actuellement au niveau du ministère de l’agriculture pour la sauvegarde du cheptel», indique une source au département de l’agriculture.
Pour l’instant, la déclinaison des mesures et les budgets alloués par action n’ont pas encore été révélés. Mais la mesure phare de ce plan anti-sécheresse, qui sera effectif sur le terrain incessamment, concerne surtout le soutien à l’orge, précise notre source. Il s’agit, selon elle, de l’action la plus coûteuse pour le budget de l’Etat.
Les provinces, qui sont concernées par ce plan, relèvent surtout des régions les plus touchées par la sécheresse, ajoute notre source.
Dans la plupart des régions agricoles, la situation semble très alarmante. Le parcours y est pratiquement inexistant. Les éleveurs sont donc très inquiets pour leurs animaux. «La sécheresse prive les éleveurs du fourrage nécessaire pour nourrir leurs bêtes», souligne un éleveur. C’est ce qui explique en fait la hausse du prix de l’orge, dit-il.
Dans ce cadre, des sources professionnelles soutiennent que le prix de cette composante principale pour l’alimentation animale a fortement augmenté. Le retard des pluies a fait doubler les prix du fourrage et de la paille qui sont passés respectivement de 35 à 70 dirhams et de 12 à 28 dirhams le paquet, a-t-on affirmé.
Notons que dans le cadre du plan d’urgence, qui fixe un prix cible de cession aux éleveurs, l’Etat prendra aussi en charge le coût du transport de l’aliment du bétail destiné aux régions bénéficiaires de ce plan anti-sécheresse. Un plan qui porte sur 600.000 quintaux d’orge à prix bonifiés, est-il indiqué au ministère.
L’impact aussi sur les agriculteurs…
Faut-il vraiment s’inquiéter pour la campagne agricole de cette année? Les agriculteurs font également partie des victimes de la mauvaise année agricole 2019-2020. Puisque, l’impact de la sécheresse a aussi été constaté sur les cultures. Ceci, après deux mois de pluies assez faibles, voire même rares, constate un agriculteur de la région de Casablanca-Settat.
Selon les prévisions de la Météo nationale, des précipitations seraient attendues dans les jours qui viennent. Toutefois, cela ne peut pas écarter pour autant les angoisses des agriculteurs. Car chez ces derniers, les craintes continuent de se faire sentir, après plusieurs semaines de sécheresse.
Cette inquiétude commençait à s’installer chez les agriculteurs, depuis déjà décembre 2019. En effet, à fin décembre, le cumul pluviométrique avoisinait une diminution de 37%, avec seulement 124,5 mm, alors qu’à la même date de l’année précédente les précipitations affichaient quelque 199,5 mm.
Selon les données de la dernière note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières pour l’année 2019, ce déficit pluviométrique au début de l’actuelle saison a marqué pratiquement toutes les régions agricoles, pour donner lieu à un taux de remplissage des barrages à usage agricole de 47,6% au lieu de 60,2%, il y a une année.
«Il y a vraiment lieu de s’inquiéter. Cela fait plus de deux mois que nous attendons les pluies. Nous sommes au mois de mars et tous les indicateurs montrent qu’on va vers une année de sécheresse», constatent des agriculteurs, qui estiment que le retard des pluies pourrait baisser sérieusement leur production. Pourtant, disent-ils, l’actuelle saison agricole avait pris un bon lancement caractérisé par des semis précoces.
Les dernières semaines étaient plutôt chaudes, avec des températures élevées. La préoccupation des agriculteurs était d’autant plus grande que les températures commençaient à augmenter. Ce mardi 3 mars, à Ouarzazate et à Aousserd, pour ne citer que ces deux villes, le mercure a d’ailleurs atteint respectivement 30° C et 36°C.
Au département de l’Agriculture, on reconnaît aussi la situation. Plusieurs zones sont à présent concernées par le retard des pluies, selon notre source au ministère. Dans des régions comme Chaouia-Ourdigha, Doukkala, Gharb et Fès Saïss, la situation est jugée moins alarmante. Mais dans d’autres, telles Beni Mellal-Khenifra, Marrakech-Tensift-Al Haouz, les plaines de Rhamna, Tadla-Abda et Souss-Massa, la situation est plus critique, explique la même source. Depuis le début de janvier, la situation s’est encore détériorée dans ces régions avec une pluviométrie très faible, dit-il.
Côté impact, nos agriculteurs évoquent déjà les prémices d’une année agricole très moyenne, voir très faible, à cause de la rareté des pluies qui menace certaines cultures, en particulier les cultures céréalières, souligne un autre agriculteur.
«Ce retard des pluies vient à un moment où les plants des céréales ont besoin d’eau pour garantir une meilleure croissance des épis. Faute de pluie, le développement des plantes s’est ralenti», explique un agriculteur.
L’effet de la sécheresse est net sur la culture céréalière, principalement dans les zones bour, lesquelles sont encore sujettes aux conditions de la pluviométrie, ajoute notre source.
L’impact de la sécheresse a également été constaté sur des cultures, comme le maraîchage, qui se fait en zone irriguée, notamment dans les régions très déficitaires, telle celle de Souss-Massa-Drâa. Un membre de l’APFEL a assuré à Le Reporter que la situation est très difficile, notamment en ce qui concerne le maraîchage. «La région de Souss-Massa assure plus de 80% des exportations de primeurs et 67% des exportations d’agrumes au niveau national. Or, c’est la zone la plus concernée par la chute du taux de remplissage des barrages, liée à l’approvisionnement des agriculteurs en eau d’irrigation», a conclu ce producteur.
Notons enfin, qu’en ce qui concerne les cultures sinistrées, le plan anti-sécheresse -actuellement en préparation- ne prévoit pas d’aides directes aux agriculteurs ayant subi des dommages.
Naîma Cherii