La 9ème édition du SIAM a été l’occasion de conclure bon nombre de conventions qui visent toutes à booster et à consolider les liens de coopération, tant entre le Maroc et des pays africains et européens, qu’entre entreprises marocaines, toutes bien impliquées dans la mise à niveau, l’encouragement et le développement du modèle agricole marocain.
Une distinction à l’international
A l’ouverture du SIAM présidée par le Prince Moulay Rachid, SAR a reçu la distinction de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), décernée au Royaume pour avoir réalisé, deux ans à l’avance, les objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) relatifs à la lutte contre la faim.
La distinction de la FAO a été remise à SAR le Prince Moulay Rachid par le DG de la FAO Graziano Da Silva qui a annoncé lors de la 7è édition des assises de l’agriculture, que le Maroc figure dans la liste des pays qui seront primés par la FAO pour avoir atteint avant terme les objectifs du Millénaire relatifs à la lutte contre la faim.
Un don de l’UE en appui au pilier II du PMV
Le Maroc et l’Union européenne (UE) ont signé, une lettre d’intention en vertu de laquelle l’UE accorde au Royaume un don de 60 millions d’euros en appui au pilier II du plan Maroc Vert (PMV). Ce nouveau don sera décaissé en quatre tranches annuelles à partir de 2014.
Il vise à contribuer à l’amélioration du revenu agricole des petits exploitants, en prenant en considération la sauvegarde des ressources naturelles, par l’appui à la mise en œuvre du Pilier II du PMV. Ledit don a également pour objectif de contribuer, dans les quatre régions cibles (Fès-Boulemane, Meknès-Tafilalet, l’Oriental et Souss-Massa-Drâa), à la réalisation des objectifs de développement des filières agricoles du Pilier II du PMV, d’améliorer la participation économique et sociale et d’augmenter les capacités opérationnelles des structures du ministère en vue d’un meilleur suivi du plan Maroc vert (PMV).
L’intense implication de la France
Avec la France, le SIAM était une opportunité pour conclure des accords de coopération. On dénombre à cet effet 6 accords et conventions qui impliquent tous les intervenants du secteur. Ont ainsi été signés une Convention de Coopération sur la formation agricole pour accompagner la mise en œuvre de la restructuration du dispositif de l’enseignement technique et de la formation professionnelle agricoles marocain, une Déclaration Ministérielle sur l’Agriculture Familiale, un Accord international établissant le consortium CGIAR en tant qu’organisation internationale, un Accord de Partenariat pour l’organisation du SIAL Afrique 2015 au Maroc, une Convention ADA/ONCA avec BCI (Bretagne Commerce International) visant la coopération économique, la coopération technique et l’appui à la filière lait, enfin, une convention ONCA/FOLEA (Interprofession Oléagineux) et Agropol (groupe Sofiproteol).
L’Allemagne au service des exportations marocaines
L’Etablissement autonome du contrôle et de coordination des exportations (EACCE) a scellé, avec l’Office fédéral allemand pour l’agriculture et l’alimentation (BLE) une entente de coopération pour se mettre au diapason des standards internationaux en matière de conformité des produits agricoles et ainsi mieux faciliter leur accès aux marchés européens.
En vertu de cet accord, les deux institutions auront à mettre en synergie leurs compétences, développer les initiatives et les actions de collaboration entre les deux parties, développer l’échange d’information et d’expertise en vue d’accroître le niveau de connaissance dans le domaine de l’échange de fruits et de légumes et assurer ainsi un approvisionnement de haute qualité à la population à des prix équitables pour les producteurs. L’origine Maroc, étant pourvoyeur d’un export d’environ 1,2 million de tonnes de fruits et légumes frais par an, continuera à mettre à profit le support de la conformité aux normes par le biais de la mission d’inspection que mène l’EACCE. L’entente de coopération vise ainsi à soutenir l’accès de produits marocains, en particulier les fruits et légumes, aux marchés européens.
DNES à Meknès, Hamid Dades
…………………………………………………………………………..
CAM : A chaque filière sa convention !
Le village CAM a connu, lors de cette édition, une intense activité. Aussi a-t-il été la scène de conclusion de plusieurs conventions qui visent à améliorer les conditions des agriculteurs et des producteurs marocains de différentes filières.
Convention après convention, le CAM met ses compétences et son savoir-faire, aujourd’hui érigé en modèle exportable, au service du développement de l’agriculture au Maroc.
Lesieur Cristal et CAM
Renforcer la coopération pour accompagner l’amont agricole
Une convention de partenariat a été signée entre le groupe Crédit agricole du Maroc (CAM) et Lesieur Cristal, visant à accompagner l’amont agricole des projets d’agrégation dans la filière oléicole. Elle fixe et définit les termes et les conditions de la relation de partenariat entre le groupe CAM, les agriculteurs et Lesieur Cristal, dans le cadre des projets d’agrégation dans la filière oléicole, portés par la société Lesieur Cristal en tant qu’ «agrégateur ».Le financement concerne tous les besoins du producteur, à savoir les investissements pour plantation, les frais d’entretien de plantation, l’équipement en système d’irrigation localisé et le matériel agricole, et ce dans des conditions préférentielles de taux et frais, et selon une procédure simplifiée, faisant intervenir Lesieur Cristal, agriculteur et CAM. La convention prévoit également l’accompagnement des petits agriculteurs, à travers Tamwil El Fellah et la banque de l’agriculture solidaire.
Centrale laitière-Danone et CAM
Offrir les meilleures conditions de financement aux producteurs
Centrale Laitière-Danone, a signé une convention de partenariat avec le Crédit Agricole du Maroc en faveur des producteurs laitiers partenaires.
En ligne avec sa stratégie de développement de la filière laitière, les termes de la convention portent sur un accompagnement à 360° de Centrale Laitière-Danone au profit des éleveurs partenaires et essentiellement, sur l’amélioration génétique du cheptel. Ainsi, dans le cadre de la mise à niveau du cheptel national, l’entreprise achète, pour le compte des éleveurs, à des prix très compétitifs et à des conditions de financement optimales, des génisses laitières hautement productives, dans le but de rehausser le niveau génétique du cheptel à l’échelle nationale. Concernant l’alimentation et la santé du cheptel à travers la sécurisation de l’approvisionnement et l’affranchissement de la volatilité du cours de l’aliment de bétail, outre l’approvisionnement en semences sélectionnées, l’objectif vise le développement de la culture de l’ensilage de maïs au sein même des exploitations laitières, dans le cadre du soutien à la rentabilité des exploitations laitières. Quant aux investissements, ils portent à la fois sur le financement des projets liés à la production laitière, telles que la construction et l’aménagement d’étables et l’acquisition de matériel d’élevage ; mais aussi et surtout sur des sessions de formation régulière au profit des éleveurs avec l’objectif, in fine, d’améliorer les qualités physico-chimiques et microbiologiques du lait.
AMIMA et CAM
Augmenter le taux de mécanisation de l’agriculture
La mise en œuvre de la convention de partenariat, signée le 11 avril 2013 à Skhirat, a été une réelle réussite et a permis aux deux parties de développer une approche commerciale commune, qui s’est traduite par une évolution spectaculaire des ventes de matériel agricole. Ainsi, le Crédit Agricole du Maroc a financé en 2013 plus de 50% des ventes de matériel agricole commercialisé par les membres de l’AMIMA.
Pour consolider leur partenariat, et augmenter le pourcentage des ventes de matériel agricole financé par le Groupe Crédit Agricole du Maroc, les deux partenaires ont décidé d’étendre le financement du matériel agricole aux petits agriculteurs éligibles aux conditions de Tamwil el fellah ; d’améliorer davantage les conditions de financement, en permettant le financement de la subvention seule, sans qu’elle soit adossée à un financement moyen terme ; et de dynamiser les relations directes des entreprises membres de l’AMIMA avec le Crédit Agricole du Maroc, par le financement de tous leurs besoins, ceux de leurs concessionnaires et revendeurs, ainsi que de leurs salariés. L’ensemble de ces mesures va permettre de dynamiser les ventes de matériel agricole, répondant à l’objectif d’augmentation du taux de mécanisation de l’agriculture marocaine, inscrit dans la stratégie du Plan Maroc Vert.
Société engraissement des Doukkala et CAM
Financer la campagne fourragère
Une convention a été signée entre le Groupe Crédit agricole du Maroc (CAM) et la société engraissement des Doukkala pour le financement de la campagne fourragère. Cette convention entre dans le cadre de l’accompagnement financier du CAM, en finançant le projet d’agrégation dans la filière des viandes rouges, porté par la société engraissement des Doukkala. La société engraissement des Doukkala apportera les intrants et l’encadrement technique, tandis que le CAM va apporter son soutien financier. Le financement concerne tous les besoins, professionnels et personnels de l’agriculteur, à savoir l’équipement en système d’irrigation localisé, matériel agricole et ce, dans des conditions préférentielles de taux et frais, et selon une procédure simplifiée. La convention prévoit également l’accompagnement des petits agriculteurs à travers Tamwil El Fellah, la banque de l’agriculture solidaire. Le partenariat vise enfin la bancarisation des agriculteurs, en les faisant bénéficier des produits et services bancaires courants.
HD
…………………………………………………………………………………..
Financement de l’agriculture : Un forum pour tout se dire
Le secteur bancaire doit épauler le financement public traditionnel pour soutenir d’une manière efficace l’agriculture sur le continent africain…
C’est en gros la conclusion avec laquelle est sorti le 1er forum international sur «le financement de l’agriculture en Afrique», organisé, dans le cadre de la 9ème édition du SIAM, par le groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM).
Cette rencontre, qui deviendra désormais un rendez-vous annuel, visait à partager les expertises et à nouer des partenariats avec les acteurs majeurs de l’agriculture africaine, outre la mise en exergue des contraintes d’accès au financement bancaire et des solutions innovantes ayant été développées au niveau du continent pour faciliter le recours aux crédits.
Dans ce sens, Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre ivoirien de l’Agriculture, a fait remarquer que «le financement public traditionnel ne suffit pas; il convient au secteur bancaire de s’intégrer efficacement au circuit de financement des projets d’investissement agricoles en Afrique, notamment l’agriculture solidaire».
A l’occasion, le ministre n’a pas manqué de souligner que le Plan Maroc Vert (PMV), riche de sa diversité, constitue «un modèle » pour tous les pays africains en la matière, relevant que le SIAM lui a été une occasion pour s’arrêter sur les expériences réussies d’agriculteurs qui ont été soutenus dans le cadre de ce Plan.
Ce dont a besoin l’agriculture
Tariq Sijilmassi, PDG du GCAM, a pour sa part souligné le rôle important et crucial qui échoit aux banques et aux secteurs financiers en général pour développer l’agriculture en Afrique. «Aucun pays au monde n’a pu développer son agriculture sans y avoir injecté des subventions conséquentes et massives. L’Afrique est actuellement en train de suivre cet exemple», a-t-il souligné. Et de préciser: «L’enjeu principal pour le développement du secteur agricole africain est de rendre l’action des banques et des bailleurs de fonds internationaux plus efficace». Il a aussi mis l’accent sur la place centrale qu’occupe l’agriculture dans les équilibres macroéconomiques et sociétaux des pays africains et sur la nécessité de renforcer davantage les leviers financiers pour développer l’agriculture en Afrique. Sijilmassi, qui soutenait que l’agriculture a besoin de banques «puissantes», a aussi appelé à jeter les bases d’une coopération africaine pour réussir à combler l’écart existant entre l’agriculture solidaire et la grande agriculture industrialisée.
Cette rencontre a constitué une plate-forme importante pour partager les expériences entre les institutions financières africaines en matière de financement de l’agriculture solidaire. Il n’est pas concevable aujourd’hui, ont d’ailleurs estimé tous les intervenants, de parler de développement de l’Afrique sans passer par le financement de l’agriculture.
HD
……………………………………………………………………………..
En guise de clôture : Les leçons de Tariq Sijilmassi
Clôturant les travaux du forum, Tariq Sijilmassi, inspiré par la pratique, les faits et le débat, a dans son allocution jeté les bases d’une réflexion qui pourrait servir de plate-forme pour les prochaines éditions de ce forum qui deviendra annuel.
«Nous vivons une ère où les paradigmes financiers sont en train de changer en profondeur et, sans vouloir y apporter des réponses, je voudrais soulever 7 points, 7 questions, mais pas 7 réponses. Ces 7 points pourront être des motifs de rencontre dans d’autres occasions pour pouvoir continuer la réflexion.
1- Dans les rapports financiers Sud-Sud, une révolution majeure s’est produite avec la crise financière de 2007-2008, la crise des subprimes qui s’est transformée en crise financière à proprement parler et a induit une crise économique. Cette crise économique est devenue une crise sociale et donc cet enchaînement de catastrophes, comme on n’en avait pas vu depuis 1929, a induit un véritable changement même dans la manière de voir le monde financier. Nous ne regardons plus, nous autres Africains, nos confrères du Nord avec le même regard ébahi que nous avions il y a quelques années. On peut dire que les leçons ont changé de sens. Les leçons venaient avant du Nord au Sud. Aujourd’hui, les banquiers du Sud peuvent donner des leçons aux banquiers du Nord, ne serait-ce qu’en matière de gouvernance, on va dire de sagesse africaine. C’est la raison pour laquelle on a constaté la sortie d’un certain nombre de grands groupes européens du capital de banques africaines, lesquels groupes européens ont été remplacés avec succès et beaucoup de bonheur par des groupes africains. Le Maroc a pris une part importante, mais d’autres pays africains sont venus également prendre leur part… Ce premier point donc est que la crise financière a complétement changé les choses et les rapports entre les banques sont devenus différents.
2- Il y a la prise de conscience de la nécessité, en conséquence de la crise, qu’il faudrait qu’il y ait un modèle de coopération Sud-Sud qui prenne le relais des modèles de coopération qui étaient traditionnellement des modèles Nord-Sud. Il n’y a pas si longtemps, pour aller au Sénégal ou au Mali, il fallait passer par Paris. Donc, nous avons complétement changé dans notre manière de fonctionner. La prise de conscience que les rapports changeaient en profondeur dans les relations Sud-Sud nous amène aujourd’hui à adopter les questions de manière différente. On doit donc nous dire que, de la même manière qu’il y a un marché commun au Nord, il faut qu’il ait un marché commun au Sud. Le marché commun européen est un concept économique qui a démarré avec l’Europe du charbon et du fer. Peut-être que le marché commun africain démarrera avec la politique de prospérité africaine et peut-être aussi que nous autres financiers sommes là pour dire que nous sommes prêts à accompagner ce rêve.
3- Le degré de maturation est atteint par un certain nombre de grands groupes bancaires africains qui s’attellent à pouvoir être des forces de proposition et donc à répondre à un certain nombre de questions qui nous sont imposées. Les règles de Ball II et Ball III sont venues réglementer le système bancaire mondial. Nous y adhérons, nous sommes respectueux de ces règles qui sont surtout venues corriger des défaillances et des erreurs financières majeures commises par de grandes banques, américaines notamment. Mais je ne vois pas pourquoi ces règles devraient punir le petit agriculteur africain qui n’y est pour rien et qui n’a pas provoqué la crise mondiale? Donc, cette maturité atteinte par les groupes bancaires africains doit aujourd’hui permettre de tenir un discours plus volontariste pour ne pas admettre des règles qui nous viennent pour punir ou corriger des dérives qui ne sont pas des dérives menées dans notre action.
4- Nous constatons que le commerce entre les pays du Sud est devenu suffisamment important pour soutenir des outils bancaires spécifiques et devenir une opportunité d’investissement pour les groupes bancaires. Aujourd’hui, nous sommes des banquiers avisés, il y a des opportunités et nous devons accompagner et pas seulement par les outils du commerce international. Mais nous devons nous intéresser à la logistique, au transport et à tout ce qui vient en accompagnement de l’activité commerciale entre les pays du Sud. C’est quelque part, pour nous autres banquiers, la nouvelle frontière bancaire.
5- Les mutations technologiques sont en train de révolutionner en profondeur le métier de banquier agricole parce que, par définition, nous travaillons sur un terreau qui est extrêmement difficile et qui est un espace géographique très vaste, avec des éloignements très importants. Jusqu’à présent, la relation entre le client et l’agence était difficile, vu la distance qui séparait ce client de son agence. Mais grâce aux nouvelles technologies de l’information, l’internet, la téléphonie mobile…, toutes les nouvelles technologies qui nous sont offertes, le client s’est rapproché de nous. Il faut donc que nous emportions cette bataille qui est celle d’intégrer les nouvelles technologies de l’information dans notre métier de banquier pour réduire les distances et faire de la distance de la géographie notre alliée et non pas notre contrainte.
6- La naissance du concept de Hub. C’est fini les régionalismes égoïstes. Il y a des hubs financiers, il y a des hubs des compagnies aériennes… Les banques et les places financières doivent être des hubs. Le concept de hub, c’est-à-dire de cluster national, est devenu un concept gagnant et donc, nous autres banquiers devons accompagner ce concept-là et nous y adapter aussi dans notre organisation.
7- La financiarisation des activités. On a parlé d’agropole et d’un certain nombre d’infrastructures. Il va donc falloir réussir à développer des instruments financiers sous forme de fonds d’investissement, sous forme de sociétés spécifiques créées pour cela qui vont permettre de transformer l’activité agricole basic en une activité qui peut être financiarisée, c’est-à-dire qui peut intéresser les fonds d’investissement et ce faisant, nous devons pouvoir créer le lien entre les investisseurs financiers et le producteur. Nous devons être capables, à terme, par la financiarisation des outils de gestion du financement agricole, d’émettre des obligations agricoles, des obligations vertes. Nous devons être capables de créer des fonds d’investissement dédiés exclusivement à la réalisation de grandes exploitations agricoles ou à la réalisation et au développement de grandes agropoles agricoles. La financiarisation de l’activité agricole est donc une piste à ne pas négliger».
HD