Dans notre édition de la semaine dernière, nous annoncions la consécration du groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM) par l’Association des Institutions Africaines de Financement du Développement (AIAFD), comme meilleure institution de financement du développement en Afrique. Cette semaine, nous revenons sur la question, ainsi que sur l’action et les perspectives de développement du GCAM, au Maroc comme en Afrique, dans cet entretien exclusif accordé au «Reporter» par Tariq Sijilmassi, Président du Directoire du GCAM.
Entretien avec Tariq Sijilmassi, Président du Directoire du GCAM
En matière de financement du secteur agricole au Maroc, le Groupe Crédit Agricole du Maroc est considéré aujourd’hui comme un modèle en Afrique. Sur quoi est basé ce modèle?
Le modèle de financement du secteur agricole mis en place par le Groupe Crédit Agricole du Maroc est basé sur une organisation adaptée à chaque segment de clients agricoles avec des produits et des conditions de financement adéquates. Il permet d’accompagner aussi bien l’agriculture performante à travers le système de financement bancaire classique dédié aux exploitations bancables que l’agriculture solidaire à travers sa filiale de Méso Crédit «Tamwil El Fellah» pour le financement des petits et moyens agriculteurs exclus du système bancaire traditionnel et la Fondation ARDI de Microcrédit pour les Très Petites Exploitations Agricoles (TPEA). L’objectif de ce modèle est de permettre à tout exploitant, grand, moyen ou petit d’accéder aux produits et services financiers adaptés à sa situation et de l’accompagner dans le développement de ses activités. Cette organisation du GCAM lui facilite l’accompagnement du Plan Maroc Vert avec ses deux piliers: Agriculture performante et Agriculture solidaire.
En plus de cette spécialisation des structures de financement adaptées à chaque segment, la bancarisation des populations à faibles revenus constitue un axe majeur de l’intervention du GCAM dans le monde rural. Cette bancarisation tient compte aussi bien des besoins professionnels de l’agriculteur en tant que gestionnaire de son exploitation que de ses besoins personnels en tant que client particulier: épargne, assurance, retraite, frais de scolarité de ses enfants….
Lors du dernier Forum de Meknès, vous avez relevé que l’agriculture a besoin de banques fortes. Par quoi se mesure et se manifeste, selon vous, cette puissance?
Le Forum de Meknès sur le financement de l’agriculture en Afrique, tenue en marge du SIAM, a été l’occasion pour les banques africaines de partager leurs expériences et de débattre des meilleures pratiques dans le financement de l’agriculture. L’agriculture africaine est caractérisée presque par les mêmes contraintes structurelles et conjoncturelles. La particularité d’une banque agricole réside dans sa capacité à s’adapter à ces contraintes et à accompagner les politiques agricoles nationales en permettant l’accès au financement pour l’ensemble des agriculteurs et surtout les petits producteurs, tout en gérant les risques inhérents à l’activité agricole dans ce continent.
Le Crédit Agricole du Maroc est-il aujourd’hui capable de servir les agriculteurs et de contribuer au développement agricole visé par le pays?
Le Crédit Agricole du Maroc se considère comme un acteur financier principal de l’agriculture et du monde rural et un instrument essentiel dans l’accompagnement financier du Plan Maroc Vert. Le GCAM dispose d’un réseau rural important et d’une connaissance du secteur, ainsi que d’une bonne expertise agricole. Ce sont tous ces atouts qui nous permettent aujourd’hui de bien assurer notre mission de développement. Le groupe, investi d’une mission de service public, son organisation, son fonctionnement, ses outils d’intervention, ses produits et ses services lui permettent de jouer pleinement son rôle de développement.
Quel soutien financier assurez-vous au Plan Maroc Vert?
Le GCAM participe au développement agricole et rural de notre pays et s’engage dans la mise en œuvre des politiques nationales agricoles structurantes. A l’occasion du lancement du Plan Maroc Vert, le GCAM s’est engagé à l’accompagner par une enveloppe de 20 MMDH sur les cinq premières années 2009-2013; il en a réalisé 24 milliards. Aujourd’hui, nous venons d’allouer une nouvelle enveloppe de 25 MMDH pour la période 2014-2018, réaffirmant ainsi notre soutien à l’agriculture et au monde rural.
Le GCAM dispose de structures de financement adaptées à chaque segment d’exploitation agricole et n’en exclut aucun. Cet accompagnement a été davantage renforcé par une approche par filière et par région avec des produits spécifiques et adaptés couvrant la production, le stockage, la transformation, la valorisation et la commercialisation, ainsi que des actions transversales (encouragement des projets d’irrigation économes en eau, mécanisation, lutte contre le morcellement des terres, etc.).
A l’instar des autres établissements bancaires marocains, le CAM part aussi à la conquête de l’Afrique. Quelles retombées cette sortie africaine va-t-elle avoir sur le groupe?
Le Modèle de fonctionnement du Groupe Crédit Agricole du Maroc intéresse plusieurs banques africaines, notamment ses trois systèmes de financement de l’agriculture et du monde rural (Financement classique, Méso Financement via Tamwil El Fellah et Microcrédit par la Fondation ARDI). Nous disposons donc de l’expertise nécessaire dans ce domaine et nous souhaitons que nos partenaires africains tirent profit de notre modèle de financement de l’agriculture combiné à la banque universelle. Nous avons reçu plusieurs délégations africaines auxquels les cadres de notre banque ont présenté les détails de notre organisation, de notre fonctionnement et de nos produits et services.
Côté notoriété, le GCAM s’est encore vu cette année distingué par l’AIAFD comme meilleure institution de financement du développement en Afrique. Qu’est ce qui lui a valu cette distinction qui est autant une charge qu’un honneur et quelles perspectives pour le groupe dans cette action en Afrique?
En effet, le GCAM se voit décerner ce Prix, au titre de l’année 2013, par l’Association des Institutions Africaines de Financement du Développement (AIAFD). Il ne s’agit nullement d’une distinction honorifique, mais d’une vraie sélection basée sur des critères de performance et de rentabilité tels que les indicateurs financiers, les opérations bancaires, le système d’information, le système de contrôle interne et la qualité de la gouvernance. Nous avons reçu la note optimale, soit AA. Cette distinction nous amène à consolider nos acquis, voire à améliorer notre notoriété et notre image en Afrique. Nous devons donc œuvrer pour confirmer davantage nos indicateurs de performance et maîtriser le développement et la croissance de notre institution.
Propos recueillis par Hamid Dades