La Ville du Détroit accueille la 17ème édition du Salon international de Tanger des livres et des Arts. Il promeut la richesse linguistique, créative et artistique dont jouit toute une région: la Méditerranée dans laquelle le Maroc est un acteur de premier choix.
Du 8 au 12 mai, écrivains, philosophes, penseurs, artistes, étudiants et simples citoyens se retrouveront au Palais des Institutions italiennes pour cinq journées de rencontres, d’échanges et de réflexion autour de la lenteur et de notre rapport au temps. En effet, l’événement s’organise cette année autour de «L’éloge à la lenteur» et se pose ainsi en véritable contre-pied à l’accélération imposée par le nouveau monde.
Lors d’une conférence organisée, jeudi 25 avril à Casablanca, Alexandre Pajon, directeur de l’Institut français de Tanger et commissaire du SIT, a expliqué pourquoi le choix de ce thème: «Après un Salon 2012 tout entier tourné vers l’ère numérique, qui pouvait même être lu comme un hymne à l’accélération et à l’innovation technologique, nous avons décidé de proposer un Salon 2013 tout différent. Il sera porté par le refus des idoles de notre époque. Il nous faut prendre le temps de lire, de créer, de penser, de se parler, voire de manger ensemble et abandonner la course frénétique dans laquelle nous entraînent notre travail, la société de consommation et les outils de communication modernes. La Beat Generation (mouvement littéraire et artistique né dans les années 1950 aux USA) a, la première, voulu affirmer une rupture. C’est pourquoi notre Salon sera précédé d’un colloque international sur celle-ci. Ce colloque, conçu avec le cipM (Centre international de poésie Marseille) et labellisé par Marseille Provence 2013, se déroulera du 4 au 8 mai 2013 à l’Espace Beckett de notre institut de Tanger… La littérature bien sûr mais aussi les arts plastiques et la musique (classique, jazz, traditionnelle ou électro) seront à l’honneur durant ce Salon où nous vous inviterons à ralentir». Débats d’idées, lectures, expositions d’arts plastiques et de photos, musique, hommage et ateliers déclinent de ce concept pendant cinq jours à Tanger puis, en partie, en tournée dans tout le Maroc.
Le SIT accueillera de nombreux intervenants parmi lesquels il y a Vassilis Alexakis, Kébir Mustapha Ammi, Gwenaëlle, Ali Benmakhlouf, Mohammed Bennis, Rachid Boudjedra, Driss El Yazami, Youssouf Amine El alamy, Mohamed Elouardi, Colette Fellous, Halima Hamdane, Mohamed Sghir Janjar, Driss Khrouz, Driss Ksikès, Hassan Nejmi, Daniel Picouly, Nicole de Pontcharra, Sylvain Tesson, Tania Sollogoub… pour animer des conférences et des tables rondes autour du thème de la lenteur et de notre rapport avec le temps. Certes, on pourrait gloser sur une lenteur conçue comme une inertie fataliste opposée à une rapidité moderne fondée sur le culte de l’efficacité. Les organisateurs précisent qu’ils ont choisi de parler ici de la lenteur dans son acception positive, celle qui a été vantée par les anciens ou aujourd’hui par, entre autres, Carl Honoré, et qui correspondrait à un «tempo giusto» à accorder à nos vies. Si les nouvelles technologies et le progrès technique nous font gagner du temps, d’où vient donc ce sentiment quasi-universel que le temps passe trop vite? Il y a là vraiment nécessité de s’interroger!
A rappeler que cette manifestation culturelle est organisée par l’Institut français du Maroc -site de Tanger-, en partenariat avec l’Association Tanger Région Action Culturelle (l’ATRAC).
Concours
Le Salon international accueillera des séquences arabophones, anglophones, hispanophones et italophones. Projet de promotion du livre et de la lecture, il sera précédé et accompagné d’un travail pédagogique mené dans les établissements de l’Académie régionale de l’enseignement et de la formation et les établissements AEFE/OSUI. Une caravane assurera la mise en place du concours régional du Plaisir de lire. Ce concours s’adresse aux élèves des collèges et lycées relevant des 7 délégations de la région du Nord, ainsi qu’aux apprenants des cours de langue des Instituts français de Tanger et de Tétouan. La remise des Prix aura lieu lors du Salon, le vendredi 10 mai 2013, au Palais des Institutions Italiennes, après audition par le jury des 14 candidats finalistes.
Mille et une lectures
Inaugurée en 2012, le «Salon des Mille et une lectures» est un espace dédié à la rencontre, au partage et à l’écoute autour de la littérature. Durant toute la durée du Salon, des auteurs viennent y lire des extraits de leurs ouvrages et échanger avec le public. Lors de sa première édition, ce Salon a accueilli des lectures en français, arabe, anglais, espagnol et amazigh. Cette année, les matinées et les débuts d’après midi seront réservés aux plus jeunes avec lectures de contes et d’auteurs jeunesse. Et les fins de journées seront ouvertes à un public plus large. Toutes les lectures se déroulent à l’étage du Palais des Institutions Italiennes. Une salle sera spécialement aménagée à cette occasion.
Musique
– Un concert de Jazz sera joué par le pianiste Baptiste Trotignon, jeudi 9 mai à 21h. L’artiste est considéré comme l’un des plus grands solistes de sa génération à l’échelle internationale.
– Le programme prévoit aussi un concert classique, vendredi 10 mai: un récital de piano par Dina Bensaïd. Il est à rappeler que Dina Bensaïd a obtenu les premiers Prix du Concours de Son Altesse Royale Lalla Meryem (2002, 2004 et 2006) et du Concours Flame à Paris (2006). En 2009, elle est la première pianiste marocaine à intégrer le prestigieux Conservatoire National Supérieur de Musique (CNSM) de Paris, dans la classe de Georges Pludermacher. Depuis 2012, Dina Bensaïd assure la direction artistique du Festival Printemps des Alizés à Essaouira.
– Le public peut aussi découvrir, dimanche 12 mai à 16h, à travers un concert de musique traditionnelle, la culture Hassanie via le groupe de Sallam Yamdah. Plus connu sous le nom de Mnat Aïchata, le groupe est une figure de proue de la vie culturelle de Guelmin. La cantatrice Sallam Yamdah appartient à une prestigieuse lignée d’hymnodes traditionnels qui évoluaient -entre Smara et Guelmim- dans le double registre du sacré, amdah, et du profane, chants et danses populaires, achwar… Musicienne et fine connaisseuse du répertoire hassani, Sallam Yamdah dirige fermement et discrètement son groupe, avec tout le doigté d’un chef d’orchestre. A souligner que Mnat Aïchata a figuré dans l’anthologie de musique marocaine produite par le ministère de la Culture en 2001 et récemment dans «L’anthologie de la musique Hassanie». Une étude pour célébrer l’héritage culturel immatériel hassani dans toute sa diversité initiée parle Centre d’études sahariennes (CES).
Hommage à Albert Camus
«Albert Camus lit L’Etranger Remix». Une errance sous le soleil d’Alger, en compagnie d’Albert Camus.
C’est une création interdisciplinaire durant laquelle des extraits du roman L’Etranger lu par l’auteur lui-même (enregistrés et pressés sur disque vinyle en 1954) sont mixés en live avec des musiques actuelles, principalement électroniques (Burial, Air, Apparat, Ben Frost, Frank Bretshneider…) par Pierre de Mûelenaere (DJ). Simultanément, des visuels originaux se superposent au récit, mélangés en direct par les artistes video Orchid Bite (Sabrina Inkeri Harri et Alexia de Ville). Cet hommage se déroulera le samedi 11 mai à 21h au Palais des institutions italiennes. A ce jour, «Albert Camus lit l’Etranger Remix» a été joué dans six pays: Belgique, France, Pays-Bas, Luxembourg, Turquie et Canada, pour des dizaines de représentations. En 2013, le spectacle repart en tournée dans le cadre du centenaire de la naissance de l’écrivain.
Expositions
On découvrira aussi les travaux artistiques de l’artiste peintre Saïd Ouarzaz, un autodidacte de la ville d’Essaouira. Ses toiles et Ses sculptures témoignent d’un art singulier, quasiment hors du temps (Galerie Delacroix, du 8 mai au 8 juin).
n découvrira aussi une exposition photos d’Emmanuelle Gaboy. Textes de Véronique Bruez. Après des mois d’échanges entre l’écrivain et la photographe, un projet prend forme autour d’une notion, «L’attenteur», créée comme un mot-valise réunissant attente et lenteur (Espace Beckett, du 3 au 31 mai).