Deux hommes à la Foi
Ils étaient deux hommes, l’un à côté de l’autre, représentant deux immenses et transnationales institutions religieuses.
Le 1er, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir-Al-Mouminine, représentant d’une institution œcuménique (et non seulement musulmane, comme souvent présentée): la Commanderie des Croyants.
Le second, Sa Sainteté le Pape François, représentant de la plus haute et importante institution catholique (1,3 milliard de Fidèles): la Papauté.
Ils étaient deux hommes, l’un face à l’autre, main dans la main, sourire aux lèvres et tant de sérénité se dégageant de ce moment magique…
Ils étaient deux hommes, chacun sa religion, mais dont on jurerait qu’ils n’en avaient qu’une… Celle de leur Foi !
La foi en la Foi. La foi en l’humanité. La foi en des valeurs communes telles que la tolérance, la solidarité, le dialogue…
Un dialogue qui paraît aujourd’hui impossible, tant la religion a été instrumentalisée, politiquement, socialement et économiquement, alimentant les divisions, les haines, les folies meurtrières et autre présumés chocs de civilisations…
Tout au long de cette visite de Sa Sainteté le Pape François au Maroc et des différentes étapes qui l’ont jalonnée, les deux hommes à la Foi si bienveillante, hauts symboles de leurs institutions religieuses, ont donné l’impression de restituer à la religion ses aspects les plus beaux ; et en même temps, de jeter des ponts entre les 3 religions monothéistes.
Deux hommes de leur temps, à la Foi irradiant la paix, la concorde, le bien et le beau !
Car ils étaient très beaux, ces chants des trois religions présentés en communion, devant Amir-Al-Mouminine et Sa Sainteté le Pape. Elles étaient belles ces allocutions de jeunes imams en formation qui s’engageaient à militer pour un monde meilleur. Elle était magnifique, cette messe devant 10.000 croyants, avec ses cantiques en plusieurs langues et doux refrains de l’espoir.
Et, par-dessus tout, ils étaient admirables, ces deux hommes à la Foi attrayante, accessible, partageuse et qui rassure, même si on ne la partage pas.
C’est toute cette beauté que le Roi Mohammed VI et le Pape François ont voulu mettre en exergue dans leur appel à «préserver la Ville Sainte de Jérusalem/Al Qods Acharif comme patrimoine commun de l’humanité et pour les fidèles des trois religions monothéistes, comme lieu de rencontre et symbole de coexistence pacifique, où se cultivent le respect réciproque et le dialogue».
Mais qui l’entendra, là-bas, de cette oreille ?
Là-bas où la politique tue la Foi…
Bahia Amrani