Les 13 et 14 janvier 2017, Bamako a accueilli le Sommet Afrique-France. Le contexte est plutôt morose avec, en arrière-plan, la menace terroriste partout en Afrique. Sur le plan économique, beaucoup de pays africains s’affranchissent de la puissance française de plus en plus relative. Le Sommet France-Afrique, né en 1973, est devenu Afrique-France en 1981 sans rien changer. La France ne parvient pas à faire remonter sa cote de popularité en Afrique. Les opérations Serval et Barkhane ont renvoyé l’image d’une puissance néocoloniale, surtout chez les jeunes souvent séduits par les discours patriotiques, voir djihadistes. L’association Survie, dans un rapport intitulé «Cinq guerres pour un empire», est particulièrement critique vis-à-vis de l’interventionnisme militaire français en Afrique. «Ces opérations demeurent particulièrement discutables. On remarque ainsi que, bien loin de résoudre les crises, celles-ci contribuent à les aggraver et à en créer de nouvelles». La France est également de moins en moins présente sur la scène économique africaine. Bien éloignée du dynamisme chinois, elle n’est plus le pays incontournable, même en Afrique francophone. Au point que le patron des patrons français, Pierre Gattaz, a lancé la reconquête. «L’Afrique, c’est important qu’on y soit. Il faut qu’on aide nos amis africains, sans aucune arrogance. L’idée, c’est de faire tout ça en grande humilité. On n’a pas de leçons à donner à qui que ce soit», a-t-il déclaré à Géopolis. Mais ce sommet de Bamako revêt un double symbole. D’abord, il marque l’ultime voyage en terre africaine du président Hollande. Une Afrique qui, de Tombouctou à Bangui, aura mobilisé les troupes françaises et rempli l’agenda du Président. L’autre symbole est malien. En 2012, les djihadistes pavanaient dans Tombouctou. Cinq ans plus tard, le pays est encore debout, ce que ne manquera sûrement pas de souligner son président, Ibrahim Boubacar Keita.
Patrice Zehr