Au Soudan, les manifestations débutent spontanément en décembre 2018, pour protester contre la cherté de la vie. Peu de temps après le déclenchement des premiers mouvements de contestation, les forces de l’ordre reçoivent l’ordre d’intervenir.
C’est avec une violence inouïe qu’elles encerclent puis dispersent les manifestants désarmés. Très vite, ce qui devait rester un mouvement de contestation populaire a viré au cauchemar. En effet, des groupes de manifestants mettent le feu aux bâtiments abritant le siège du parti au pouvoir. Face à l’usage excessif de la force de la part des forces de l’ordre, les Soudanais ont continué à protester défiant les menaces lancées par les responsables sécuritaires. Au fil des semaines, le mouvement de contestation au Soudan a augmenté en intensité, car les autorités n’ont pas répondu aux revendications légitimes de la population en quête d’un avenir meilleur.
Ce qui a particulièrement attisé la haine des Soudanais contre leurs dirigeants, c’est cette violence excessive et injustifiée dont ont fait preuve les forces de l’ordre soudanaises pour étouffer les manifestations qui ont secoué le pays. En effet, la police soudanaise a tiré à balles réelles sur la foule et utilisé du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants qui ont fait preuve d’une détermination remarquable et largement saluée par l’opinion publique internationale. Tentant de mettre un terme à la contestation qui le menaçait, le président Omar Al Bachir annonce, le 23 février 2019, le limogeage du gouvernement soudanais et la nomination d’un nouvel Exécutif.
L’état d’urgence est instauré pour un an. En dépit de cette situation où manifester pouvait être lourd de conséquences, les Soudanais en colère contre la classe politique dirigeante dans le pays, poursuivent leur élan de protestation. Le 1er mars 2019, Omar Al Bachir cède la présidence du Congrès national, parti au pouvoir au Soudan. Le 12 mars, l’état d’urgence est ramené à six mois. En avril 2019, après la démission de Abdelaziz Bouteflika en Algérie, la mobilisation s’accroît au Soudan. Des soldats rejoignent même les rangs des manifestants. En avril, Omar Al Bachir est renversé par l’armée. Aussitôt la démission d’Al Bachir annoncée, les tractations politiques entre représentants des manifestants et ceux de l’armée sont entamées.
Objectif, trouver une issue à la crise soudanaise. Le 3 juin 2019 à l’aube, revirement de situation. La junte au pouvoir donne l’ordre de disperser violemment un campement de manifestants devant le siège de l’armée à Khartoum. On dénombre alors plusieurs centaines de victimes. Aujourd’hui, après plus de huit mois de mobilisation, les militaires et les chefs de file de la contestation soudanaise semblent avoir enfin trouvé un terrain d’entente. Pas plus tard que le 17 août 2019, un accord pour l’enclenchement d’une transition politique dans le pays est signé par les deux parties. Il s’agit d’une déclaration constitutionnelle, ouvrant la voie à un transfert du pouvoir aux civils. La population soudanaise espère que cet accord ouvrira la voie à une liberté politique et une prospérité économique dans le pays.
ML