Standard&Poor’s a révisé, le 5 octobre, la perspective de la note de crédit du Maroc de «stable» à «négative».
Ceci signifie que le Royaume risque de perdre sa note «BBB-» à long terme et «A-3» à court terme, dans les 24 mois, s’il n’améliore pas sa situation économique et financière. Autrement dit, le Royaume va perdre son «investment grade» ce qui l’amènera inéluctablement à emprunter plus cher.
Cette note étant scrutée par les bailleurs de fonds internationaux. Si elle vient à être abaissée, l’impact sur les autres acteurs qui se financent à l’international se fera mécaniquement ressentir. Notamment, sur les établissements et entreprises publiques (OCP, ADM…), les banques…
Cette révision de la perspective du Maroc par S&P s’explique, selon l’agence, par le fait que le gouvernement s’éloigne de manière significative de son objectif de déficit budgétaire de 3% du PIB en 2018, en raison d’une croissance moins élevée que prévu et de tensions budgétaires plus fortes.
Les analystes de S&P prévoient une croissance du PIB réel de 3,2% en 2018 et 2019, puis un redressement à environ 4% en 2020-2021. Ils tablent également sur un déficit budgétaire de 3,8% du PIB en 2018 contre un objectif de 3% ; et un déficit du compte courant de la balance des paiements de 4,2% du PIB.
La pression budgétaire résulte d’une faible performance des recettes, entre autres en raison de la baisse des dons du Golfe (il y a aussi le tassement des recettes fiscales), couplée à une hausse des dépenses, notamment les transferts aux établissements publics et les subventions du gaz.
La baisse de la croissance du PIB est ainsi due à un ralentissement de la valeur ajoutée agricole (effet de base), couplé à une reprise poussive des activités non agricoles, dans un contexte de lente transformation et diversification de l’économie.
L’agence pourrait abaisser la note de crédit du Maroc si le gouvernement ne maîtrise pas le déficit budgétaire, si l’endettement du Trésor dépasse les prévisions des analystes, si la croissance du PIB réel est inférieure aux attentes, ou si le déficit extérieur s’aggrave entrainant une augmentation substantielle des besoins de financement de l’économie.
Mais elle peut rétablir la perspective à «stable» si l’assainissement budgétaire est renforcé, ou si la transition vers un régime de change plus flexible renforce de manière significative la compétitivité extérieure du Maroc et sa capacité à résister aux chocs externes (hausse du pétrole, protectionnisme commercial…). Une révision favorable pourrait également avoir lieu si la stratégie de diversification économique en cours au Maroc entraine une croissance moins volatile.
HD