Spécial Corée du nord

 

Comment en finir avec la menace de Pyongyang?

Ces derniers jours, les yeux du monde étaient rivés sur la Corée du Nord qui multipliait les «promesses» d’attaques nucléaires contre ses voisins. L’irréparable ne s’est pas encore produit. Mais demain? Peut-on vivre avec cette menace permanente?

 

le-dirigeant-nord-coreen-kim-jong-AFP

 

 

Bien sûr, une attaque de la Corée du Nord marquerait la fin de ce régime. Mais auparavant, que de dégâts pour des populations civiles innocentes!

La Corée du Nord est un régime unique dans le monde et absolument imprévisible en raison de la personnalité de son dirigeant et de l’idéologie des militaires qui l’entourent. C’est un régime dont la vision du monde est gelée à la Guerre de 54 et à l’affrontement communisme-impérialisme.

 

Après lui, personne n’a droit au titre de Président !

 

C’est un monde de guerre froide et de culte de la personnalité. C’est le pire d’un passé qui vit encore là-bas dans le présent. Sans ce passé omniprésent, on ne comprend rien à la Corée du Nord.

C’est un État qui couvre la partie nord de la péninsule coréenne située en Asie orientale. La capitale du pays est Pyongyang. Le gouvernement du pays suit l’idéologie officielle d’autonomie du Juche développée par le président Kim Il-sung. Après sa mort en 1994, Kim Jong-il, son fils, lui a succédé à la tête de l’État, mais non en tant que président de la république, cette fonction étant restée «éternellement» rattachée à la personne de Kim Il-sung. Après la dislocation de l’URSS et une série de catastrophes naturelles, la Corée du Nord a subi une famine faisant de 900.000 à deux millions de morts. Kim Jong-il adopte alors la politique du Songun ou «l’armée d’abord», afin de renforcer le pays et le gouvernement.

Après la mort de Kim Jong-il en 2011, son fils cadet Kim Jong-un est proclamé nouveau chef du parti et de l’armée.

On a pensé qu’il y aurait avec lui un printemps coréen. Il a fait des études en Occident, y a vécu et il adore Mickey.

 

Et voilà l’héritier 3ème génération…

 

Le jeune dictateur, «le Grand successeur», a remplacé son père Kim Jong-il à sa mort, en décembre 2011. Ce n’est qu’à partir de 2010 que la propagande officielle le présente à la population, pour préparer la succession du régime. Le jeune homme a auparavant mené une vie que d’aucuns jugent «atypique» pour le fils d’un des dictateurs les plus intransigeants du monde. Kim Jong-un a en effet effectué sa scolarité et ses études en Europe, loin de son pays natal, à Berne, en Suisse. C’est là qu’il aurait appris l’anglais, le français et l’allemand. De son enfance, peu de choses sont parvenues aux médias, mis à part cette anecdote plutôt surprenante: en 1991, alors qu’il n’est qu’un enfant, il se rend au Japon sous une fausse identité pour visiter Tokyo Disneyland accompagné de sa mère.

Les observateurs du régime s’accordent pour dire que Kim Jong-un a largement pris la mesure du capitalisme occidental, appréciant par ailleurs certains aspects de la culture américaine. Grand amateur de basket-ball, il est fan de Michael Jordan et des Chicago Bulls, admire Kobe Bryant des Lakers de Los Angeles. Il aurait aussi beaucoup de plaisir à visionner les films de Jachie Chan et de Jean-Claude Van-Damme. Adolescent, Kim Jong-un aurait ainsi été en contact direct avec l’«American Way of Life».

Kim Jong-un est arrivé en Russie avant le sommet avec Poutine

Officieusement, son père Kim Jong-il aurait malgré tout tenu à le protéger de «l’influence du capitalisme», notamment en l’entourant d’un homme de confiance, Ri Tcheul, le représentant du régime auprès de l’ONU à Genève, chargé de surveiller le jeune homme. Mais apparemment, cela n’a pas suffi, un discours d’ouverture s’est transformé en discours belliciste.

Faut-il s’inquiéter? Non, disent certains.

Il est en effet dans la logique nord-coréenne d’installer un nouveau dirigeant à grand renfort de menaces. De même, il est devenu habituel que la situation économique désastreuse de la Corée du Nord requière une aide alimentaire que le régime obtient généralement en agitant toutes sortes de dangers catastrophiques.

 

Un hasardeux marchandage

 

Plusieurs changements majeurs sont en effet intervenus en Asie, qui incitent les Nord-Coréens à montrer les dents. Outre l’arrivée de Kim Jong-un aux commandes, plusieurs dirigeants, moins conciliants vis-à-vis de Pyongyang, viennent coup sur coup d’accéder au pouvoir en Chine, au Japon et en Corée du Sud. La présidente sud-coréenne, notamment, s’est montrée très ferme face aux menées du régime nord-coréen en escomptant une inflexion de la politique chinoise. Car Kim Jong-un, qui dépend totalement de l’aide alimentaire, technique et militaire chinoise, a peut-être décidé d’incarner un durcissement pour mieux marchander l’intérêt stratégique essentiel de la Corée du Nord pour la Chine. Sauf qu’il le fait de manière hasardeuse ou brutale, sans que l’on entrevoie pour l’instant le point d’arrêt auquel son père et son grand-père savaient parvenir au final. Dans ce pays où Staline et Mao règnent toujours conjointement, Kim ne dispose d’aucune expérience politique ou militaire; c’est bien le plus alarmant!

Mais il faut bien voir que le pays, lui, n’a aucune idée de cette relativisation des choses: la Corée du Nord est coupée du monde et vit dans un état véritable d’aliénation politique. On vit dans la culture de la guerre et d’une fausse victoire.

 

Les théories du général MacArthur

 

Le président Truman engage (30 juin), au nom des États-Unis, les divisions américaines stationnées au Japon. S’y joignent progressivement des détachements britanniques, français, belges, turcs et néerlandais. Les troupes des Nations Unies, conduites par MacArthur, partant de la tête de pont de Pusan et débarquant à Inchon (30 septembre), repoussent les Nord-Coréens. Les forces américaines atteignent par endroits la frontière chinoise. Les théories du général MacArthur (pousser la victoire contre le communisme jusqu’en Chine, au besoin par l’arme nucléaire) sont alors suffisamment connues pour que celle-ci ne reste pas indifférente à cette menace. L’envoi de volontaires chinois et la contre-offensive chinoise et nord-coréenne aboutissent à la reprise de Séoul et au repli des corps internationaux et américains en novembre-décembre.

 

«Il nous manque 52 de nos 55 villes»

 

Au début de 1951, la république de Corée est réduite au «périmètre de Busan». Le gouvernement du Sud déclare: «Il nous manque 52 de nos 55 villes». En effet, il ne lui reste que Busan, Daegu et Masan, les autres villes ayant été dévastées par les bombardements ou prises par le Nord. Aux Nations Unies se constitue un groupe de cessez-le-feu qui se propose d’empêcher l’élargissement du conflit.

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Les États-Unis, craignant un conflit généralisé avec la Chine, remplacent MacArthur (partisan de la poursuite de l’offensive) par Ridgway (avril 1951), puis par Clark (1952). De nouveau, l’objectif se limite au rétablissement du statu quo ante autour du 38ème parallèle. Le front se stabilise et les négociations, engagées (juillet 1951) puis rompues (août) à Kaesong, reprennent à Panmunjom (octobre) et aboutissent le 27 juillet 1953 à une reconnaissance respective des deux Corées par les États-Unis et l’URSS. Le coût de la guerre de Corée, qui a rendu inéluctable la séparation entre Nord et Sud, est estimé à 2 millions de morts civils et militaires et à 3 milliards de dollars de pertes matérielles.

 

Le stalinisme industriel a tout gâché

 

Sous Kim Jong-il, la Corée du Nord a gaspillé tous ses atouts. Lors de la partition de la péninsule en 1953, le régime communiste avait tout pour réussir: les mines, les barrages, les usines cédées par les Japonais et les ouvriers les plus qualifiés. Le stalinisme industriel de Kim Il-sung a tout gâché. A force de préférer la quantité à la qualité et la planification au marché, l’économie nord-coréenne s’est effondrée. Dans les années 1990, ses usines rappellent, d’après les journalistes, Tintin au pays des Soviets: on n’y martèle plus que des tôles rouillées. En outre, une déforestation massive a détruit l’environnement. En 1995 et 1996, des inondations catastrophiques noient le sud du pays. Incapable de se nourrir, le Nord connaît une famine qui fait plus de 2 millions de morts, soit près de 10% de sa population. Exsangue, le pays vit sous perfusion de l’aide internationale.

La rhétorique de la guerre froide, qu’affectionnait Kim Jong-il, a fait place aux attaques ad hominem. Jadis traités de pantins à la solde des Etats-Unis, les Sud-Coréens sont désormais «de pauvres crétins» et leur Premier ministre, Chung Hong-won, du «chiendent à arracher sans faiblir».

 

Une guerre préventive ?

 

L’objectif de Kim Jong-un est plus qu’incertain. Le connaît-il lui-même? se demande le professeur Park Han-shik, spécialiste de la Corée du Nord à l’université de Géorgie, aux Etats-Unis. Son père excellait dans l’art de bluffer pour rafler la mise: une aide alimentaire, des livraisons de pétrole, du prestige international. Kim Jong-un, lui, semble pris dans une spirale du bluff dont il a de plus en plus de mal à se sortir. Ce n’est plus le bluff qui est en cause, c’est le bluffeur.

En effet, ce gros petit garçon aux yeux de biche est absolument imprévisible, car on ne sait rien de ce qu’il pense et de qui le manipule. Il faut trouver une solution car sinon un jour, il y aura un 11 Septembre nucléaire ou un Pearl Harbour atomique.

Guerre préventive, l’expression est lâchée et certains au Pentagone depuis la dernière crise y pensent.

 

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