Le président Trump croit dur comme fer à un second mandat. Lors de son élection surprise, la plupart des commentateurs se demandaient s’il pourrait terminer le premier. Ils se demandent maintenant qui pourrait le battre.
La vision très négative des grands médias internationaux sur la personnalité et la politique de Trump présente un danger. Celui de ne pas refléter le ressenti de la population américaine. Il y a aussi une désinformation par sélection partiale de ce que fait et dit Trump. Ce président fantasque et peu diplomatique porte à la caricature facile, mais peut-être trop facile. Les Américains apprécient ses coups de menton et coups de poing sur la table vis-à-vis de la Chine, de l’Iran ou du Mexique. Trump montre les muscles et cela plaît à son électorat. Mais, bien sûr, ce ne serait pas suffisant si, comme annoncé par les «spécialistes», sa politique économique avait rapidement ruiné les USA. Or, il n’en est rien, bien au contraire!
Lorsque le président Donald Trump a été élu, nombreux étaient ceux (y compris des prix Nobel d’économie) qui soutenaient que l’économie américaine allait s’écrouler et les marchés financiers dégringoler. Quand on a vu que la croissance revenait (en fait, il y a eu un ralentissement lors des deux dernières années d’Obama!), les mêmes ont affirmé que ça n’allait pas durer, que la croissance serait éphémère et que la récession ne saurait tarder! Dans son éditorial du 8 avril dernier, publié dans le New York Times, le prix Nobel d’économie, Paul Krugman, s’obstine et écrit que Trump s’en prend à la FED (la Banque centrale américaine), parce que l’impact des baisses d’impôts et des suppressions des réglementations n’aurait été que de la «poudre aux yeux» et n’aurait servi qu’à retarder la récession. Or, on apprenait, il y a quelques jours, que l’économie affiche un taux de croissance à 3,2% au premier trimestre 2019, largement au-dessus des prévisions. La baisse de la fiscalité des entreprises et des ménages et les réductions et suppressions de normes et de réglementations, en particulier environnementales, ont donné de l’air et plus de libertés aux entrepreneurs qui ont choisi d’investir. D’où les fortes créations d’emplois, ainsi que les hausses des salaires sur un marché du travail où la main-d’œuvre se fait rare.
Le premier trimestre a également été marqué par le ralentissement de l’inflation, l’indice des prix des achats intérieurs bruts augmentant de seulement 0,8%. C’est le rythme le plus lent depuis le premier trimestre 2016. Même avec la récente hausse des prix du pétrole, il n’existe aucun risque d’inflation et la Réserve fédérale ne devrait pas relever ses taux d’intérêt.
La croissance économique américaine lors des quatre derniers trimestres a été supérieure à 3% en taux annuel, alors que dans des pays européens, comme la France et l’Allemagne, elle a tourné autour de 1,5%. Après l’annonce du taux de croissance, les dernières données sur l’emploi (Labor Statistics, 4 mai) sont aussi impressionnantes: l’économie a créé 263.000 emplois supplémentaires en avril, le taux de chômage ayant chuté à 3,6%, le plus bas taux enregistré depuis cinq décennies. Mais la meilleure nouvelle est que les plus gros bénéficiaires de ce marché du travail libéré sont les personnes qui ont connu des difficultés au cours des années de croissance lente d’Obama, c’est-à-dire les personnes peu qualifiées.
Tout cela est bon pour Trump, même si c’est peut être provisoire. Mais il a obtenu un grand succès également en faisant plier le Mexique sur l immigration; une victoire majeure pour son électorat et même pour les électeurs de tous les Etats frontaliers du Mexique.
Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l’immigration clandestine l’une de ses priorités, accusait le Mexique de ne rien faire ou presque, pour freiner le passage sur son sol de migrants d’Amérique centrale qui finissent par entrer clandestinement aux Etats-Unis. Le milliardaire républicain avait donc décidé d’appliquer, dès le 10 juin, une taxe de 5% sur tous les biens provenant du Mexique, qui pourrait augmenter progressivement jusqu’à 25% le 1er octobre. Vendredi 7 juin, le président américain a annoncé que les Etats-Unis et le Mexique avaient trouvé un accord sur l’immigration et qu’il levait, par conséquent, sa menace d’imposer des taxes douanières à partir de lundi 10 juin, sur l’ensemble des produits mexicains. «Les Etats-Unis sont parvenus à un accord signé avec le Mexique. Les tarifs douaniers prévus pour être appliqués lundi (10 juin) par les Etats-Unis, contre le Mexique, sont donc suspendus indéfiniment», a tweeté Donald Trump.
Il a ajouté que Mexico allait prendre des mesures fortes pour endiguer le flux migratoire traversant son pays à destination de la frontière sud-américaine». «Cela va permettre de réduire grandement ou éliminer l’immigration illégale venant du Mexique et entrant aux Etats-Unis», a-t-il poursuivi. Selon une déclaration conjointe des deux pays, publiée dans la soirée par le département d’Etat américain, les Etats-Unis «vont immédiatement élargir la mise en œuvre» d’un programme qui leur permettra de renvoyer au Mexique les demandeurs d’asile arrivés à la frontière sud, pendant l’examen de leur dossier. Le Mexique leur promet «des emplois, l’accès au soin et à l’éducation», selon la déclaration. Mexico a également accepté de prendre «des mesures sans précédent pour lutter contre l’immigration illégale», avec le déploiement de la Garde nationale, notamment à sa frontière avec le Guatemala.
Plus de travail pour les Américains et mieux payés et moins de clandestins. S’il n’y a pas de retournement sur ces deux sujets, Trump a trouvé sa thématique de campagne pour un second mandat.
Patrice Zehr