Manque de classes, délabrement des écoles, absence de cantines et d’internats…, certains élèves n’ont pas toujours accès à l’éducation, notamment dans les régions isolées. Pour eux, poursuivre la scolarisation relève d’un vrai parcours du combattant. A Tinghir, par exemple, l’accès à l’école n’est pas assuré à tous les enfants de cette région du sud. En cause, l’état de vétusté très avancé des écoles, un manque de salles d’étude et un sureffectif. «Les infrastructures déjà existantes datent de plus de 15 ans. Elles sont dans un état de délabrement et doivent être restructurées. Les responsables sont aussi appelés à construire de nouvelles salles pour régler le problème du sureffectif dans certains établissements, notamment dans la commune rurale d’Ikniuoune», souligne l’Association des parents d’élèves à Ikniouine. Cette année, déplore-t-on, les parents de 200 élèves ont été surpris que leurs enfants n’aient pas d’affectation au lycée qualificatif «Assou Oubasslam», à Ikniouine, à cause justement du manque d’espace. En effet, les élèves y sont répartis dans neuf classes de 48 élèves chacune, soit plus que le seuil acceptable sur le plan national (40 par salle), expliquent les mêmes sources. «La délégation provinciale nous a promis de réaliser deux nouvelles salles d’étude dans ce lycée pour éviter que les élèves soient transférés à Lakhmiss, à 60 km de la commune d’Ikniouine. On devait entamer les travaux début août. La finalisation des constructions devrait, quant à elle, avoir lieu fin octobre 2017. Or, à ce jour, les travaux n’ont pas encore été lancés. Ce qui va compliquer encore les choses dans cet établissement, lequel connait, cette année, l’arrivée de nouveaux élèves», souligne Saïd Chahid, vice-président de l’Association des parents d’élèves. Il tire la sonnette d’alarme sur un autre sujet préoccupant dans la région: «Une vingtaine d’unités scolaires (préfabriquées) sont réparties dans la région. Ces bâtiments ne répondent plus aux normes sécuritaires et environnementales. En plus, elles deviennent très difficiles à chauffer pendant la saison de l’hiver», prévient notre interlocuteur. Il conclut en affirmant que des lettres ont été adressées, dans ce cadre, à la direction provinciale de l’Education nationale. Mais rien n’est encore fait pour améliorer les conditions de scolarisation des élèves.
Naîma Cherii
Assiduité et absence de perspectives Le rêve de nombreux écoliers se brise souvent sur le mur du désespoir. Tout un chacun a eu à répondre, dans sa vie, à la question classique: «Que veux-tu devenir une fois grand?». A cette question, les réponses sont différentes d’un écolier à l’autre. Au fil des années, ces ambitions -aussi grandes soient-elles- se sont heurtées au mur du désespoir. Si certains ont exercé là où il ne fallait pas, d’autres n’ont eu d’autre choix que de se joindre aux longues files d’attente qui espèrent un jour trouver un emploi décent. Qu’est-ce qui a fait qu’au Maroc d’aujourd’hui, un grand nombre d’élèves se pose la question de savoir à quoi bon sert d’exceller à l’école, au moment où les opportunités professionnelles deviennent de plus en rares ou inexistantes? Selon les professionnels et autres intervenants dans le secteur de l’enseignement, ceci est le résultat de plans de sauvetage de l’enseignement inadéquats. Ils ajoutent que ces plans ont été soit inadaptés à la réalité et aux besoins de l’école marocaine, soit ils n’ont pas fait l’objet d’un suivi régulier de la part des responsables gouvernementaux. Une scolarisation pas si obligatoire que ça! Parmi les plans visant à remettre à niveau le secteur de l’enseignement au Maroc, celui relatif à la lutte contre la déperdition scolaire. Il a été lancé à l’occasion de la rentrée scolaire 2009. L’objectif de ce programme, qualifié au moment de son lancement de révolutionnaire, était de rendre effective l’obligation de scolarité pour les enfants, au moins jusqu’à l’âge de 15 ans. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Selon un rapport du ministère de l’Education nationale, dont les résultats ont été annoncés en 2016, le Maroc a connu entre 2011 et 2015, des taux de décrochage scolaire alarmants. Le document indique que le taux de décrochage scolaire dans le secondaire a atteint 12,2%. Pour ce qui est du primaire, ce taux s’est établi à 2,9%. ML