Quelques jours après la reprise d’Alep par les troupes fidèles à Bachar Al-Assad et leurs alliés, le président syrien a été interviewé par des médias français. A chaque fois qu’un média occidental se présente face à lui, Bachar Al-Assad répète le même numéro: il soigne son image, met son plus beau costume, prend un ton sobre et calme et répète les mêmes propos. Pour l’Orient le Jour, il excelle dans cette manipulation. Le dernier entretien en date qu’il a accordé à RTL, LCP et France Info, dans le cadre de la visite de trois députés français [Thierry Mariani (LR), Nicolas Dhuicq (LR) et Jean Lassalle (ex-MoDem)] à Damas, ne déroge pas à la règle.
Le président syrien qualifie ses adversaires de terroristes, explique que ses troupes ont libéré la ville d’Alep et rappelle son intention -à terme- de reconquérir toute la Syrie. Le raïs sent que le vent diplomatique est en train de tourner en sa faveur. En témoigne sa main tendue au président élu, Donald Trump et au candidat de la droite française, François Fillon et cherche à en profiter.
Le conflit syrien est au cœur de l’actualité internationale et Bachar Al-Assad en est le point névralgique. Vouloir recueillir ses propos, surtout après la bataille d’Alep, est tout à fait légitime sur un plan journalistique. Mais à condition de les contextualiser, de les décrypter et de rappeler tout ce qu’il n’a pas dit. A défaut de quoi les médias alimentent une vision complotiste du conflit, à un moment où ces théories sont particulièrement en vogue.
Dans l’entretien en question, le président syrien encourage d’ailleurs les lecteurs français à se méfier des informations rapportées par les médias: «Je voudrais dire au peuple français que les médias principaux ont échoué dans la majorité des pays occidentaux et que la réalité avait contredit leurs histoires. Il y a des médias alternatifs par le biais desquels tout citoyen français peut chercher la réalité».
Patrice Zehr