La victoire militaire des forces kurdes, appuyées par les forces de la coalition, entraîne le pays et la région dans une nouvelle ère. Privé de territoire, l’EI n’en reste pas moins une menace constante. Les attentats qu’il continue de mener en Syrie et en Irak en en sont la preuve.
Célébrés en Occident pour leur succès, les Kurdes risquent, eux, de se retrouver bien seuls face à la Turquie et au régime syrien, maintenant que les djihadistes ont été battus. Quant aux Occidentaux, ils risquent de suivre les Américains qui, malgré les déclarations contradictoires de Trump, semblent bien engagés dans un retrait progressif de la région.
Quel avenir pour le pays, ravagé par plus de sept ans d’une guerre qui a déjà fait près de 370.000 morts? Les explications de Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie à la Hoover Institution de l’université Stanford: «Ils vont sans doute, une fois de plus, être les dindons de la farce. Pris en tenaille entre le marteau turc et l’enclume syrienne, on se demande désormais qui viendra les aider. La ministre française des Armées, Florence Parly, était aux Etats-Unis le 18 mars, pour sonder les Américains. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas senti un soutien sans faille envers ceux qui ont été nos alliés dans la lutte contre l’EI… Et l’Europe seule ne va pas envoyer des milliers d’hommes sur place. Sans compter que, pour cela, il faudrait une résolution de l’ONU, que la Russie va bloquer méthodiquement…
Le président turc Erdogan insiste pour établir une zone tampon au nord de la Syrie, une sorte de «couverture arabe anti-Kurdes». Et, dans le fond, les Américains n’ont pas le choix. Trump est déjà en campagne, il ne peut pas se mettre complètement la Turquie à dos. Il va devoir trancher. Et entre le PKK et Ankara, son cœur risque de ne pas balancer très longtemps».
PZ