Syrie Kofi Annan perd son temps

Aucun applaudissement. Aucun enthousiasme. Et même, aucune attente… L’annonce faite par Kofi Annan, l’envoyé conjoint du Conseil de sécurité et de la Ligue Arabe en Syrie, ce mercredi 27 juin, à Genève, concernant une réunion, le 30 juin, dans la capitale suisse, du Groupe d’action pour la Syrie, ne peut espérer être accueillie autrement que par un hochement d’épaules.

 

Elle mobilisera sans doute les invités à cette énième réunion sur la Syrie. C’est à dire: les ministres des Affaires étrangères des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, France, Russie, Grande Bretagne et Etats-Unis) et de la Turquie ; les Secrétaires généraux de l’ONU et de la Ligue arabe ; le représentant de l’Union européenne ; et les ministres des Affaires étrangères de l’Irak, du Koweït et du Qatar (en leur qualité, respectivement, de président du Sommet de la Ligue arabe, de président du Conseil de ministres des AE de la Ligue arabe et de président du Comité de suivi de la Ligue arabe sur la Syrie). Bien du monde, certes, mais pour quel résultat ?

Que pourront ces ministres des Affaires étrangères et Kofi Annan, réunis dans ce groupe baptisé quelque peu abusivement «Groupe d’action», pour résoudre un problème sur lequel calent jusqu’à présent tous les chefs d’Etat, grandes puissances et instances internationales (arabes, européennes, ou onusiennes soient-elles) ?

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Discuter encore et encore, tandis que continuent de tomber des civils, par dizaines, chaque jour ? Cette impuissance est accablante. Les chiffres sont à pleurer. Une centaine de victimes perdant la vie la veille de l’annonce de Kofi Annan ; puis 36 autres, le jour-même, dans une attaque contre la télévision officielle ; puis 36 encore dans le reste du pays… Et un bilan cruel: 15.800 morts en 15 mois d’insurrection en Syrie, selon l’observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) !

Le plan Annan est un échec. La mission Annan est un échec. Malgré ses circonvolutions diplomatiques, la Ligue arabe l’a reconnu. L’homme n’y est pour rien. Les compétences de cet ancien Secrétaire général de l’ONU sont connues. Mais en ce qui concerne la Syrie, tout le dépasse !

En fait, le monde entier est dépassé. Pour plusieurs raisons.

Bien sûr, il y a les raisons dont on nous a rebattu les oreilles, depuis le début du «problème syrien».

Le soutien de la Russie qui défend ses intérêts commerciaux et stratégiques en Syrie (vente d’armes, base militaire), mais aussi ses intérêts régionaux (contrer l’hégémonie des USA dans la région par le biais de cette alliance avec la Syrie et l’Iran).

Le soutien de la Chine, autre membre permanent du Conseil de Sécurité, qui, comme la Russie, n’a pas avalé l’intervention des forces de l’OTAN en Libye ; n’accepte pas les interventions armées dans les pays tiers, au motif de défense des droits de l’homme, de crainte que cela ne se retourne un jour contre elle ; et ne veut pas voir aller plus avant l’hégémonie américaine dans la région.

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Le soutien de l’Iran qui, avec Damas et le Hezbollah du Liban, pourrait menacer sérieusement l’équilibre de cette partie de la planète (une vraie poudrière) et les intérêts d’Israël. D’où la prudence des Etats Unis.

Et puis, il y a la crise mondiale qui dissuade les grandes puissances d’engager des dépenses de guerre dans des pays lointains, au moment où elles ont besoin de rééquilibrer leur budget et de surveiller de près leurs nouvelles dépenses et leur dette.

Mais il y a aussi –et c’est cela le plus renversant- ce soutien de la moitié du peuple syrien au régime Al Assad. Argument que la Russie ne cesse de mettre en avant et qui justifie à ses yeux l’inflexibilité du pouvoir syrien.

Le régime Al Assad est-il soutenu, chez lui, par peur, par conviction, ou par intérêt ? L’avenir le dira. Mais en attendant, compte tenu de tous ces soutiens, les chances de mettre fin à la violence en Syrie sont aujourd’hui quasi-nulles.

Le fait que Kofi Annan persévère, malgré tout, force le respect, mais ne permet aucun optimisme.

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