Cela fait longtemps que l’on craint que la guerre civile syrienne ne déborde les frontières du pays. Avec les bombardements d’Israël, une nouvelle étape vient d’être franchie.
La guerre syrienne est déjà une guerre internationale avec l’implication de l’Iran et du Qatar et le soutien de pays ou mouvements aux combattants des deux camps. Mais une étape a été franchie avec les bombardements israéliens qui s’ajoutent maintenant aux accrochages avec la Turquie.
«Selon un nouveau bilan, au moins 42 soldats ont été tués et le sort d’une centaine d’autres est inconnu à la suite du raid israélien», a déclaré Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Un premier bilan faisait état de 15 morts.
Selon Rami Abdel Rahmane, les trois sites visés par les Israéliens «comptent 150 hommes, mais on ignore si tous s’y trouvaient lors du raid». Les autorités syriennes n’ont jusqu’à présent pas donné de bilan officiel, mais le ministère des Affaires étrangères, dans une lettre (dimanche 5 mai) à l’ONU, avait affirmé que «cette agression avait causé des morts, des blessés et des destructions graves dans ces positions et dans des régions civiles proches».
L’opposition syrienne s’inquiète donc manifestement, elle aussi, de l’intervention israélienne et Damas menace de riposter.
Le régime de Damas a annoncé qu’il répliquerait immédiatement et durement à toute nouvelle attaque d’Israël contre son territoire, au moment où le mouvement libanais Hezbollah assurait que son allié syrien lui livrerait de nouveaux types d’armes. Dans un entretien exclusif à l’AFP, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, a affirmé qu’«instruction a été donnée de répondre immédiatement à toute nouvelle attaque israélienne».
«Nos représailles contre Israël seront dures et douloureuses (…). En aucun cas, la Syrie ne permettra que (les attaques israéliennes) se reproduisent», a-t-il souligné.
Peu après, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah dont des hommes combattent auprès de l’armée syrienne, a assuré sur la chaîne al-Manar que «la riposte syrienne aux raids israéliens sur son territoire sera de fournir au Hezbollah de nouveaux types d’armes».
«La réponse syrienne est hautement stratégique parce qu’elle implique également l’ouverture du front du Golan (occupé par Israël) aux combattants de la résistance», a précisé le chef du Hezbollah qui avait affronté l’Etat hébreu en 2006, lors d’une guerre sanglante et dévastatrice.
Voilà qui explique certainement le surprenant rapprochement russe- américain.
Le médiateur international, Lakhdar Brahimi, a qualifié de «premier pas très important» le fait que la Russie et les Etats-Unis se soient mis d’accord sur la Syrie.
La Russie et les Etats-Unis se sont mis d’accord pour inciter le régime syrien et les rebelles à trouver une solution politique au conflit, a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, à l’issue de ses négociations avec le secrétaire d’Etat américain, John Kerry. La Russie et les Etats-Unis se sont aussi accordés sur la nécessité de tenter d’organiser «au plus vite» une conférence internationale sur la Syrie, si possible ce mois-ci, a ajouté M. Lavrov
Le secrétaire d’Etat américain a mis en exergue les discussions «très productives, très chaleureuses et amicales» qu’il a eues plus tôt avec le président russe, Vladimir Poutine. Une rencontre qui a débuté avec quatre heures de retard sans la moindre explication.
M. Lavrov a de son côté réaffirmé que le départ de Bachar Al-Assad -réclamé avec insistance par les Occidentaux- ne devait pas être une condition préalable à des pourparlers de paix, tout en insistant sur le fait que Moscou ne l’encourageait pas à rester au pouvoir.
Ce qui complique la solution c’est l’influence prise dans les combats par les islamistes. La France, notamment, prend en compte ce facteur. Il y a maintenant pour Paris des bons et des mauvais insurgés.
«Nous allons augmenter notre soutien envers l’opposition modérée, la Coalition nationale syrienne qui doit s’élargir, s’unifier et garantir clairement à chaque communauté le respect de ses droits en cas de changement de régime. Pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté, nous proposons de classer comme « organisation terroriste » au sens de l’ONU le Front Al-Nosra, opposé à Bachar Al-Assad, mais filiale d’Al-Qaïda».
Voilà qui devrait inciter Israël à la modération et les Américains et les Russes à la conciliation pour trouver une solution évitant le pire pour la région. C’est-à-dire une guerre régionale…