Provocation irréfléchie ou coup diplomatique préparé? La presse chinoise, comme celle américaine, hésite sur le sens à donner à la conversation téléphonique, le 2 décembre, entre le futur président américain et la présidente taïwanaise. Il pourrait bien s’agir d’une provocation, à en croire The Washington Post, mais calculée. «Le résultat de plusieurs mois de préparatifs et de délibérations discrètes parmi les conseillers de Trump, autour d’une nouvelle stratégie de contact avec Taïwan», assure le quotidien sur la base de sources internes. En public, l’entourage du futur président a pourtant présenté le coup de fil comme un événement banal, soulignant que Trump n’avait fait que prendre l’appel.
Pour The Wall Street Journal, si provocation il y a eu, ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Les Etats-Unis auraient intérêt à revoir leur politique au sujet de Taïwan, estime le journal conservateur, afin d’utiliser cette question comme monnaie d’échange avec la Chine dans d’autres dossiers. Le quotidien relativise aussi la portée de cet appel en notant: «Tous les gouvernements américains [depuis 1979] ont vendu des armes à Taïwan». «L’acte irréfléchi d’un ‘‘bleu’’ ou un coup diplomatique préparé? La conversation téléphonique avec Taïwan de Trump soulève bien des questions», titrait, le 5 décembre, le quotidien officiel Huanqiu Shibao, relayant les questionnements de la presse américaine tout en évitant soigneusement de se prononcer. La diplomatie chinoise laisse ainsi ouverte la possibilité de traiter l’affaire comme la bévue d’un homme inexpérimenté
Patrice Zehr