Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé

Bien que la variole du singe soit apparue dans plusieurs pays, il n’y a pas lieu de céder à la panique ni de parler de nouvelle épidémie, estime Tayeb Hamdi, Chercheur en politiques et systèmes de santé. Entretien.

«Oui à la prévention, non à la phobie injustifiée»

Depuis quelques jours, la variole du singe est au cœur de l’actualité nationale et internationale. De quoi parle-t-on exactement?

La variole du singe, également appelée orthopoxvirose simienne, est une zoonose virale. La maladie a été détectée pour la première fois sur l’homme en 1970. L’infection de l’animal vers l’homme résulte d’un contact direct avec du sang, des liquides biologiques, ou encore des lésions cutanées ou des muqueuses d’animaux qui sont porteurs de la maladie. Les espèces animales qui peuvent transmettre ce virus à l’Homme sont principalement les singes, les rats et les écureuils. Deux versions du Monkeypox existent à ce jour, celles du Bassin du Congo et d’Afrique de l’Ouest. La première version est celle qui est la plus virulente. Je rappelle que la contamination interhumaine par la variole du singe, ne peut avoir lieu qu’en cas de contacts étroits et prolongés avec une personne porteuse de la maladie, en entrant en contact avec ses sécrétions respiratoires, ou en touchant des lésions infectées. C’est ce qui me fait dire que la contagion au Monkeypox est faible. Quoi qu’il en soit, la vigilance doit rester de mise.

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Comment se protéger du virus?

Tout d’abord, il faut préciser qu’une personne touchée par la variole du singe guérit spontanément au bout de quelques jours. Contrairement aux rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux, le Monkeypox n’est pas un nouveau virus. Il est connu par les scientifiques. Bien qu’il n’existe pas de traitement spécifique ni de vaccin spécialement conçu contre cette maladie, on sait que les vaccins antivarioliques sont efficaces pour prévenir l’infection à la variole du singe. Des gestes simples permettent de se protéger de ce virus. Après tout contact avec des animaux ou des personnes infectées, il faut bien se laver les mains. En cas d’apparition de symptômes liés à maladie, il faut vite effectuer un test PCR afin de détecter si l’on est atteint ou non de la variole du singe. En règle générale, il est recommandé de continuer à respecter les gestes barrière et d’hygiènes préconisées pour empêcher la propagation du Coronavirus. Je profite de cette occasion pour mettre en garde contre un relâchement des gestes barrières anti-Covid, observé dans les espaces publics et au sein des transports en commun. Ce n’est pas parce que tout le monde s’intéresse aujourd’hui à la variole du singe qu’on doit oublier que le Coronavirus est toujours parmi-nous.

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La pénible épreuve du Covid-19 qui dure depuis plus de deux ans, nous a-t-elle rendus paranoïaques?

Oui, en quelque sorte. L’épreuve du Coronavirus qui n’est pas encore terminée nous a profondément affectés. Deux ans après l’apparition de cette pandémie que nous ne sommes pas près d’oublier, force est de constater que nous avons aujourd’hui tendance à voir le danger partout et à s’attendre toujours au pire. Comme je l’ai déjà dit, même si la variole du singe a déclenché des alertes au niveau mondial et une veille sanitaire à l’échelle nationale, il n’y a à l’heure où je vous parle, aucune raison de s’inquiéter. Oui à la prévention, non à la phobie injustifiée.

Propos recueillis par M. Lourhzal

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