Le Maroc ne permettra aucun changement du statut juridique et historique des zones tampon à l’Est du mur de séparation (Bir Lahlou, Tifariti, Mahbes…) qui font partie intégrante du territoire national.
Sur convocation du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita, la Commission des affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l’étranger à la Chambre des représentants, d’une part et la Commission des affaires étrangères, des frontières, de la défense nationale et des zones marocaines occupées à la Chambre des conseillers, d’autre part, ont tenu une réunion conjointe, dimanche 1er avril 2018, au siège du Parlement à Rabat, en présence du ministres de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit et de celui des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita. Au menu, les derniers développements du dossier du Sahara.
Le Maroc excédé par les provocations
Au terme de cette réunion, le chef de la diplomatie marocaine a qualifié de «développements gravissimes» les provocations répétées des éléments du Polisario, à l’est du dispositif de défense du Sahara marocain. Nasser Bourita a indiqué: «Depuis un certain temps, il y a eu une multiplication des provocations et d’éléments de chantage à l’égard de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un referendum au Sahara (MINURSO), des déploiements militaires et des annonces médiatiques qui visent toutes à altérer le statut juridique et historique de la zone à l’est du dispositif de défense, notamment à Bir Lahlou et Tifariti». Selon Bourita, ces développements graves «constituent une violation directe des accords militaire, un défi et une menace au cessez-le-feu et compromettent sérieusement la stabilité régionale». Le ministre a fait savoir que «le Royaume ne saura tolérer un quelconque changement du statut juridique, historique et réel de cette zone».
A cet égard, Nasser Bourita a rappelé que le dispositif de défense, tracé entre 1986 et 1990, a été réalisé «pour empêcher une confrontation directe entre les armées marocaine et algérienne», expliquant que «c’est dans ce cadre-là que cette zone a été laissée libre de toute présence militaire ou civile». En effet, entre 1989 et 1991, même après la construction de ce dispositif, les Forces Armées Royales (FAR) sont restées présentes dans cette zone, a-t-il ajouté, notant que c’est uniquement à la veille du cessez-le feu, en septembre 1991 que les FAR se sont retirées au-delà de ce dispositif pour permettre aux Nations-Unies d’installer leur dispositif de surveillance de ce cessez-le feu. «Le Maroc, de la manière la plus claire à l’époque, avait précisé que cette zone devrait être libre de toute présence et placée sous la responsabilité exclusive de la Minurso» qui y a mis en place, dès 1991, 5 postes de surveillance à Bir Lahlou, Tifariti, Mehaires, Mijek et à Aghwani, a fait savoir le ministre. «Ce dispositif n’a jamais été construit comme une frontière (…). Cette zone est placée exclusivement sous la responsabilité de l’ONU», a souligné Nasser Bourita, rejetant l’idée qu’il s’agisse d’une zone du Polisario ou d’une zone libérée.
L’ONU face à ses responsabilités
Revenant sur les provocations récentes du Polisario, encouragé par l’Algérie, pour tenter de modifier le statut de cette zone, Bourita a fait savoir qu’il s’agissait d’abord d’actions de chantage à l’égard de la Minurso. En effet, le Polisario demandait aux éléments de la Minurso de le rencontrer non pas à Tindouf, mais à Bir Lahlou ou à Tifariti, «ce qui constitue un précédent dangereux», a-t-il dit, rappelant que «l’ONU a toujours traité avec le Polisario là où il a toujours été, à savoir sur le territoire algérien». Par ailleurs, Nasser Bourita a confié qu’à au moins 4 reprises, des actions pour limiter la liberté de circulation des observateurs militaires de la Minurso ont été entreprises à la mi-mars par le Polisario, afin de les empêcher d’arriver à ladite zone, «ce qui constitue une entrave sérieuse à l’action de la mission onusienne». Encore plus récemment, il y a eu des annonces du transfert de quelques soi-disant structures du Polisario vers cette zone, a-t-il poursuivi, soulignant que tous ces développements constituent des provocations à l’égard de la communauté internationale et une menace directe à la stabilité régionale. «Le Royaume considère que la Minurso, qui a la responsabilité de gérer cette zone, doit assurer pleinement son rôle», faisant observer que «la gestion permissive et légère de ce qui s’est passé à Guergarate a été interprétée comme un encouragement».
Par ailleurs, le ministre a prévenu que, si le Secrétaire général (SG) et le Conseil de Sécurité (CS) de l’ONU ne sont pas prêts à mettre fin à ces provocations et s’ils n’interviennent pas, le Maroc assumera pleinement ses responsabilités, s’interrogeant sur l’absence de toute mention des récentes violations commises par les séparatistes du Polisario à l’est du dispositif de défense du Sahara marocain, dans la copie avancée du rapport du Secrétaire général de l’ONU sur le Sahara.
Dans le même sens, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a annoncé que le Maroc entamera des démarches diplomatiques, non pas pour un apaisement ou des mesures ordinaires, mais pour porter à l’attention de tous que les récents développements sont dangereux et constituent une rupture du cessez-le-feu pouvant pousser la région vers l’inconnu. Il a également précisé que le Royaume se réservait le droit de défendre cette partie de son territoire.
Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a affirmé: «Le Maroc ne restera pas les bras croisés devant les attaques destinées à altérer le statut historique et juridique de cette zone, prévenant que le Royaume est prêt à tout, absolument à tout, pour préserver son intégrité territoriale». Laftit a saisi cette occasion pour pointer du doigt la responsabilité de l’Algérie dans ce conflit artificiel, faisant savoir que, chaque mois, des dizaines de jeunes issus des provinces du sud sont formés sur le territoire algérien, pour commettre des actes de vandalisme, dans le but de semer le trouble à l’ordre public. «En ce moment même, des jeunes sahraouis sont en train de recevoir des formations de ce type à Alger», a-t-il dit. Il a rappelé, à cet égard, que le Royaume est engagé dans le développement de ses provinces du sud, à travers des projets d’un montant avoisinant les 7 milliards de dollars.
A l’issue de la réunion d’urgence dans l’Hémicycle, Nasser Bourita et Abdelouafi Laftit se sont rendus à la primature pour une réunion en présence du chef de gouvernement et des chefs des partis politiques.
ML