Terrorisme en France : Un dénouement qui ne règle rien

Presse

Quel regard sur la tragédie vécue par la France du 7 au 9 janvier 2015 ?
Bilan à travers ce round up des médias internationaux.

La presse constate le bilan: les 3 terroristes abattus, mais 17 personnes tombées sous leurs coups: journalistes, policiers, juifs de l’épicerie Cacher. Un jour d’horreur et la désignation par des fanatiques de leurs cibles: la liberté d’expression, l’autorité en uniforme et la communauté juive.
Faire la guerre au terrorisme et pas à l’islam, tout a été dit par Manuel Valls, mais plus facile à dire, bien sûr, qu’à faire.
Libération a choisi d’illustrer sa couverture avec une photo de l’assaut donné par le Raid dans l’épicerie Cacher de la porte de Vincennes. Un mot barre la Une: «Résister».
Le Parisien-Aujourd’hui en France a découpé sa Une en trois photos, dont l’une représentant les trois terroristes tués par les forces de l’ordre lors des deux assauts simultanés. Entre ces visuels, une phrase sur fond noir: «Jusqu’au bout, l’horreur».
Le Figaro, avec deux photos représentant les deux théâtres d’opérations, titre laconiquement: La mort des tueurs.
La presse étrangère n’est pas en reste. En Angleterre, le Daily Telegraph et le Guardian («Dénouement sanglant») ont tous les deux choisi de faire leur Une avec les événements survenus en France. En Espagne, le quotidien El Pais a choisi de titrer sur l’appartenance des terroristes à Al-Qaïda: «Les assaillants agissaient sur ordre d’Al-Qaïda et non de Daech comme on l’avait pensé, mais tout se mélange, se croise dans une morbide concurrence».

Comment étouffer Daech & co…

Pour Plantu, le dessinateur emblématique du Monde, le dessinateur est un artiste qui doit pouvoir tout dessiner. Mais il a aussi une responsabilité envers son journal, ses lecteurs. L’enjeu, dit-il, est de «continuer d’être décapant, de déranger, mais sans humilier les lecteurs, ni les croyants». La voie à creuser est fragile. «On doit arriver à dépasser les interdits, contourner les censures, mais en ne lâchant rien, en étant plus malins que les connards qui nous attendent au coin de la rue».
Dans The Washington Post, le chroniqueur Jim Hoagland souligne les difficultés qui attendent la France et sa classe politique: «La France a une lourde tâche pour réagir à ce jour de terreur et de destruction calculées. Les Américains ont immédiatement vu les attentats du 11 septembre 2001 comme une attaque étrangère sur leur sol. Nous n’avons pas eu à nous inquiéter -et n’avons toujours pas à nous inquiéter- d’un ennemi intérieur. Il va falloir beaucoup de compétence et de tact pour ne pas transformer l’attaque contre Charlie Hebdo en un point de division».
Sur le site de l’hebdomadaire du New Yorker, le journaliste George Packer pourfend l’idéologie haineuse qui a armé les assassins de Charlie Hebdo. La même, selon lui, qui était derrière les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone en 2001. Les dessinateurs (de Charlie Hebdo) sont morts pour une idée. Leurs assassins sont les soldats d’une guerre contre la liberté de pensée et d’expression, contre la tolérance, le pluralisme et le droit à offenser -contre tout ce qui constitue une société démocratique-. Nous devons tous nous efforcer d’être Charlie, non seulement aujourd’hui, mais aussi tous les autres jours».
Daniel Fortin, dans les Echos, met en garde contre les dangers de l’indignation ultra-médiatisée.
Tous les spécialistes du terrorisme savent que les médias sont depuis toujours les meilleurs alliés de terroristes animés par trois priorités: faire connaître leur cause, faire peur au plus grand nombre et -on le voit aujourd’hui avec ces jeunes Français partant faire le djihad en Syrie- recruter des troupes en donnant l’éclat nécessaire à leur action. La puissance des moyens d’information a désormais transformé les faibles en forts. Il suffit à deux hommes armés de mitrailler une rédaction dans un arrondissement de Paris pour souligner l’inversion fulgurante du rapport de force que nous connaissons aujourd’hui.
La presse italienne, comme la «Corriere della serra », parle de la bataille de Paris… C’est un peu le sentiment des Français qui ont tout suivi en direct et qui se sont sentis en guerre, qui se félicitent du succès final des forces de l’ordre qui pleurent toutes les victimes innocentes et qui se mobilisent pour faire face à un défi qui reste une menace.

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Patrice Zehr

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