Samira Bensaïd, la diva marocaine, décroche «The World Music Award» du meilleur single pour la chanson «Mazal», interprétée en darija marocain. Une preuve que la chanson marocaine peut avoir une place méritée sur la scène internationale.
L’artiste marocaine Samira Bensaïd, communément connue par Samira Saïd, décroche «The World Music Award» du meilleur single pour sa nouvelle chanson «Mazal». Ce tube a été l’un des meilleurs hits pour de nombreuses chaînes de télévision arabes et européennes. Pour décrocher ce Prix international de la chanson tant convoité par les artistes (se basant sur les chiffres des ventes mondiales fournies par la Fédération internationale de l’industrie phonographique), Samira Bensaid a surpassé plusieurs superstars internationales, dont Lady Gaga, Katy Perry, Rihanna ou encore Shakira.
Elle se rendra, le 27 mai, dans la principauté de Monaco pour prendre part à la cérémonie de remise des Prix à Monte-Carlo où elle donnera un spectacle. Les paroles de «Mazal» sont en arabe dialectal, écrites par Zakaria Fahim et chantées sur un fond fusion techno-gnaoui. Cette nouvelle chanson et son vidéo clip détiennent la première place dans plusieurs TOP des tubes de l’année établis par des chaînes de télévision et stations radios internationales (françaises, espagnoles, du Moyen-Orient et des pays du Golfe).
La darija représente-t-elle une barrière pour un large public?
Depuis des années, des producteurs ont laissé entendre que la chanson marocaine ne pouvait pas quitter les frontière, parce que le dialecte marocain n’est pas assez compris et qu’on a du mal à saisir la darija où l’on a tendance à contracter les syllabes, ce qui rend la compréhension malaisée. Peut-être que les Marocains parlent un peu vite et donc l’interlocuteur dans les pays arabes n’arrive pas à suivre. Mais la darija a du succès quand on veut bien faire un petit effort… Sans généraliser, s’il ya des producteurs qui n’ont pas donné la chance à la chanson marocaine, il y a des artistes du Golfe qui ont repris des chansons marocaines, comme Nabil Choual ou Houssin el Jassmi. Sans oublier le rôle qu’ont joué de grands artistes marocains comme Abdelwahab Doukali, dont la chanson «Ma ana illa bachar» a été chantée à l’époque par Sabah, Naïma Samih, feue Rajaa Belamlih, feue Majda Abdelwahab, ou encore Latifa Ra’fat (qui d’ailleurs est actuellement sur des chaînes arabes avec une chanson destinée à son pays).
Il y a aussi des festivals de renommée internationale, comme Mawazine qui participent indirectement à cet épanouissement en invitant des stars de la musique arabe qui chantent des chansons marocaines. Sans oublier le rôle d’une vague de jeunes artistes marocains qui se sont engagés à défendre corps et âme la chanson marocaine en l’imposant sur diverses scènes. De jeunes artistes, bien qu’ils soient au début de leur carrière, sont arrivés à mettre notre culture en valeur, comme Asmaa Lamnawar et Saâd Lamjared, pour ne citer que ces deux chanteurs. Et la liste est longue.
On reprochait à Samira Bensaid -elle, la star!-, qui a un grand nombre de fans à travers le monde, de ne pas avoir contribué à diffuser notre chanson comme il le fallait. Mais, avec cette chanson marocaine, «Mazal», écrite par un parolier marocain de la jeune génération, Zakaria Fahim, elle a aussi remporté le titre de meilleure chanteuse de l’année 2013, alors que cela fait des décennies que Samira Saïd n’avait pas interprété de chanson en darija comme «Ouaâdi».
Actuellement, notre chanson est exécutée par une pléiade de chanteurs arabes: après Meryem Faress avec sa chanson «Atlah», Yara avec la chanson «Bghitou Habibi», Diana Hadad avec la chanson «la Fiesta»…, le dialecte marocain pourrait s’imposer en Orient, mais pas n’importe comment. C’est donc le rôle des paroliers, mais aussi des compositeurs de choisir les paroles convenables… Ainsi, quand on voit un grand artiste, comme Assi El Hillani, chanter une chanson intitulée «Sata satatni», il est normal que de tels mots suscitent de vives réactions dans les réseaux sociaux. Car les internautes n’ont pas apprécié le terme vulgaire «Sata», qu’on ne devrait pas utiliser dans une chanson respectable. La responsabilité est partagée entre le compositeur et le parolier. Aucune complaisance donc, dans l’intérêt général!
Si la musique est un langage universel, on aimerait quand même entendre sa langue maternelle chantée ailleurs. Un grand Bravo donc à Samira Saïd, icône et diva dont on est fier…
Bouchra Elkhadir