Les Ethiopiens fuient le Tigré
Les tensions entre Addis-Abeba et cette région du Nord, accusée de volonté sécessionniste, étaient montées d’un cran depuis l’organisation en septembre d’élections régionales non reconnues par le pouvoir central.
Le gouvernement fédéral a dissous le 7 novembre ce parlement tigréen élu, alors que le conflit enregistrait ses premières victimes. Spécialiste de la Corne de l’Afrique, René Lefort revient pour Jeune Afrique sur les enjeux d’une guerre qui pourrait bien déstabiliser l’ensemble du deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, avec plus de 100 millions d’habitants. Et au-delà, toute la sous-région. Des milliers d’Éthiopiens, dont des soldats fuyant les combats dans la région dissidente du Tigré, dans le nord du pays, ont traversé la frontière occidentale avec le Soudan, a annoncé mardi 10 novembre un responsable soudanais. Le Tigré est une région dissidente du nord de l’Éthiopie où Addis Abeba mène depuis le 4 novembre une opération militaire d’envergure.
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, a lancé cette opération contre les autorités du Tigré, qu’il avait accusées préalablement d’avoir attaqué deux bases de l’armée fédérale sur leur territoire, ce qu’elles démentent. L’aviation éthiopienne a lancé plusieurs séries de raids sur des positions tigréennes tandis qu’au sol, des combats impliquant de l’artillerie lourde ont été rapportés entre les troupes fédérales et les forces de sécurité tigréennes, notamment à l’ouest. Se disant «inquiet de l’impact du conflit en cours», le porte-parole du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Babar Baloch, a également fait état mardi de la présence de «plusieurs centaines de demandeurs d’asile» à deux postes-frontières de la zone.
Patrice Zehr