Le Parti des Travailleurs (PT), l’Une des principales formations de l’opposition en Algérie, a mis en garde contre les conséquences de situation politique et socioéconomique qui prévaut dans le pays, relevant que “tous les voyants sont au rouge et dans tous les secteurs”.
La crise politique que vit le pays “est une résultante de la stratégie de fuite en avant du pouvoir qui veut imposer le sauvetage du système politique déliquescent”, hérité du parti unique, a dit la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune en présidant une réunion du bureau politique du PT.
Tout en tirant la sonnette d’alarme, Mme Hanoune a relevé que la crise politique et sociale s’aggrave et s’exprime à travers des manifestations sociales multiformes, violentes, propres au climat d’étouffement et d’effritement du tissu social pour cause d’absence d’horizons et de perspectives tangibles, a-t-elle ajouté.
Il s’agit d’un état des lieux “préoccupant” qui s’est confirmé, selon l’oratrice, durant le mois de ramadan qui a révélé “l’ampleur de la paupérisation, le recul de la consommation, la dégradation, chaque jour davantage, du pouvoir d’achat au moment où la majorité du peuple algérien connaît, actuellement, une vie marquée par des privations tous azimuts”.
Elle s’est par ailleurs déclarée “très inquiète” par la répression des marches populaires et des marches des étudiants ainsi que les arrestations par centaines et les condamnations par dizaines chaque jour, a-t-elle dénoncé.
La SG du PT a rappelé le cas de la semaine dernière quand 44 peines à la prison ferme ont été prononcées en une seule journée à travers plusieurs wilayas “comme si la justice était devenue une machine de répression et de persécution”.
“Hier, vendredi 21 mai, nous avons assisté à des scènes dignes d’un pays en guerre ou en état de siège. Les interpellations se comptabilisaient par centaines (..). Cette folle expédition punitive vise également des journalistes à l’effet de dissimuler la vérité sur ces dérives”, regrette-t-elle.
“Cela dénote, selon elle, l’existence de listes de personnes ciblées et rappelle la chasse aux sorcières du maccarthysme qui visait les sympathisants du communisme aux USA, le siècle dernier”.
Considérant que la répression touche tous les soutiens de la dynamique révolutionnaire en Algérie, elle s’est interrogée sur les raisons de “la violence policière horrible qui a atteint des proportions effrayantes”, relevant qu’elle traduit une “panique dangereuse chez le pouvoir qui peut engendrer une situation incontrôlable”.
La criminalisation et la judiciarisation de l’activité politique et de la profession de journaliste sont érigées en mode de fonctionnement de la chose politique, a-t-elle fait observer.
Et de poursuivre : “Il est certain à présent, à travers les rapports du Haut-Commissariat des droits de l’Homme de l’ONU et des ONG internationales que ce processus dangereux constitue un péril pour la souveraineté nationale et fait encourir au pays le spectre des spoliations économiques, diplomatiques et même militaires”.
A ces dérives, enjoint-elle, “s’ajoute l’instrumentalisation des médias publics à l’effet de diaboliser toute doctrine politique opposée aux positions officielles du pouvoir et pour déverser une propagande éhontée et grotesque”, notant que “les médias publics sont devenus le monopole exclusif du pouvoir et de ses relais”.
Louisa Hanoune a dans ce sens dénoncé le parti pris de la radio algérienne qui autorise, selon ses dires, les attaques en règle contre les partis qui ont choisi de boycotter les législatives du 12 juin.
La SG du PT a critiqué, en outre, certaines dispositions du projet de la loi de finances complémentaire pour 2021, estimant que le texte n’est pas de nature à relancer l’économie nationale ou corriger les dysfonctionnements.
Si ce projet est adopté, c’est le contenu social de l’Etat qui en prendra un coup, a-t-elle averti, soutenant que la suppression des subventions est une déclaration de guerre contre la majorité du peuple, et qui accélérera le rythme de la récession, ce qui poussera le pays au “chaos et la somalisation”.
Elle a, par ailleurs, rappelé l’agression sauvage contre les enseignantes à Bordj-Badji-Mokhtar, imputant la responsabilité de cette dérive aux autorités.
Elle a dénoncé l’instrumentalisation de la religion contre les femmes travailleuses.
LR/MAP