Tout un avenir plombé !

L’image heurte, quotidiennement, dans les rues de nos villes. Il y en a que ça afflige ; d’autres que ça énerve ; et les troisièmes qu’à force… ça laisse totalement indifférents. L’image, c’est celle de ces enfants en âge de scolarisation que l’on voit traîner dans les rues, mendier, vendre chewing gum et mouchoirs en papier, ou proposer leurs services pour essuyer un pare-brise ou porter un panier, de l’intérieur du marché au coffre de la voiture.
On avait bien le sentiment que ces enfants étaient trop nombreux dans un pays comme le nôtre qui affiche tant d’ambitions pour son avenir… Mais les chiffres de l’UNICEF, que son bureau de Rabat a livrés dans un communiqué daté de ce 9 septembre 2014, à l’occasion de la rentrée scolaire, précisent l’ampleur du mal.

Bien que commençant par indiquer que «le Maroc a fait d’importants progrès» et qu’il a «pratiquement atteint l’universalité de l’accès à l’école primaire avec une moyenne nationale de 99,5% de taux de scolarisation», l’UNICEF n’en aligne pas moins les chiffres accablants.
«Des disparités demeurent sur la mise en place d’un enseignement de qualité pour tous», juge l’UNICEF qui explicite: «cet effort consenti pour l’accès au primaire n’est pas capitalisé au niveau des différents cycles. Un taux de déperdition important est enregistré d’un cycle à l’autre ramenant la moyenne nationale de scolarisation à 87,6% au collège et à 61,1% au lycée». On peut encore lire, dans le communiqué de l’UNICEF: «En milieu rural, les données montrent que les enfants de manière générale sont confrontés à des difficultés pour réussir la transition entre le primaire et le collège auquel seulement 69,5% d’entre eux accèdent. Ce taux chute à 30,6% en ce qui concerne leur accès au lycée et ne dépasse pas les 21,9% chez les filles. Cette déperdition se traduit par un taux d’achèvement pour les trois cycles ne dépassant pas la moitié de la population des enfants scolarisés».
Ces chiffres laissent pantois.
Tous ces enfants non scolarisés, que ce soit pour non-accès à l’école ou pour déperdition en cours de scolarisation, réalisons-nous bien ce que cela signifie ? Les enfants d’aujourd’hui étant les adultes de demain, ne s’agit-il pas d’autant de générations d’analphabètes que le pays retrouvera dans 10, 20, 30 ans encore…? N’avons-nous pas conscience que cela consiste à plomber l’avenir ? Avoir de si grands objectifs pour le pays et savoir, en même temps, que près de 40% de la population n’atteint pas le niveau du lycée, est-ce concevable ?!
Certes, il y a le gap de 40 ans que certains pourraient nous rappeler, mais ce qui est insupportable, c’est que l’on n’arrive toujours pas à stopper l’hémorragie ! 40% de notre population file vers des lendemains incertains. Autant de «Mozart assassiné» ? En tout cas, autant de boulets pour l’Etat, dont il va falloir évaluer le coût.
On le sait, l’éducation est fortement créatrice de richesse immatérielle. Avec autant d’enfants non scolarisés ou perdus en cours de scolarisation, quel manque à gagner pour cette richesse ?
Il est donc urgent de prendre le problème de l’éducation à bras le corps. Il faut une mobilisation générale pour que l’école soit accessible à tous, qu’elle retrouve son sérieux (aujourd’hui fortement mis en cause) et son attrait, qu’elle redevienne un moyen crédible d’ascension sociale…
Cela passe par une mise à niveau générale, à commencer par celle des enseignants. Il est inadmissible que les enseignants contribuent, comme ils le font aujourd’hui, à aggraver les inégalités sociales en imposant à leurs élèves de prendre des cours supplémentaires rémunérés pour comprendre ce qu’ils ne leur expliquent pas suffisamment en classe. Ces méthodes mercantiles ont donné lieu à un fléau aujourd’hui décrié par toutes les familles.
Il est grand temps de mettre de l’ordre dans tout cela !

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Bahia Amrani

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