Après le choc des 27 morts, les passeurs sont mis en accusation. Entre l’Angleterre et la France, il y a la Manche. Mais pour les migrants qui veulent la traverser, se dresse un autre obstacle: les réseaux de passeurs et leurs embarcations de fortune.
De plus en plus structurés, ceux-ci profitent de ces Irakiens, Iraniens, Ethiopiens, Kurdes, toujours plus nombreux, qui fuient leur pays en guerre ou en crise, espérant trouver des jours meilleurs au Royaume-Uni. Depuis le 1er janvier, 1 500 passeurs ont pourtant été arrêtés, a indiqué le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Mais d’autres prennent le relais tant ces trafics sont juteux. Ces réseaux sont comparables aux réseaux de drogues.
Lorsque des individus sont arrêtés, ce sont souvent de petites mains. Et ils sont remplacés par d’autres», observe Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii).
En début de semaine, un réseau de quinze trafiquants a ainsi été démantelé: ils sont Irako-Kurdes, Roumains, Pakistanais, Vietnamiens… Chaque mois, ils faisaient passer à minima 250 personnes entre la France et le Royaume-Uni, selon les enquêteurs. À 6 000 € le coût de la traversée par personne –un coût de 3 000 à 3 500 € est le plus souvent cité– les trafiquants ont accumulé environ trois millions d’euros de bénéfices, a estimé l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière (Ocriest).Or, ces gains perdurent depuis plusieurs années.
Selon Europol, lors de la crise migratoire de 2015-2016, les passages organisés en Méditerranée avaient généré un chiffre d’affaires de plus de cinq milliards d’euros pour ces groupes criminels.
P. Zehr