Tri et recyclage des déchets : Une nouvelle expérience à Sidi Bernoussi

Conference centre de tri sidi bernoussi

Le budget global alloué à ce projet (superficie: 2.600m2) s’élève à plus de 9,4 millions de DH, dont 3,82 millions de DH financés par l’INDH.

Le territoire de la préfecture de Sidi Bernoussi accueille le premier Centre de Tri et de Recyclage des Déchets (CTRD) de Casablanca. Lors d’une rencontre, jeudi 26 juin, avec la population de cet arrondissement et d’autres partenaires, Mohamed Ali Habouha, gouverneur de la préfecture d’arrondissements de Sidi Bernoussi, a rappelé dans son intervention: «La gestion des déchets solides à Casablanca constitue une préoccupation majeure pour les autorités. Avec l’étalement urbain de la ville, le mode de vie de la population orienté vers la surconsommation et un comportement peu respectueux de l’environnement, la tâche ne cesse de prendre de l’ampleur». Et d’ajouter: «Dans ce contexte et selon des statistiques récentes, la ville de Casablanca produit environ 4.000 tonnes de déchets par jour. La totalité de ce volume est acheminée vers les décharges. Or, 85% de cette quantité peut être triée, recyclée et valorisée… Cette expérience va permettre de réaliser plusieurs objectifs aussi bien sur le plan environnemental qu’économique et social. Ainsi, le centre va permettre la réduction du volume des déchets ménagers et assimilés, ainsi que du coût alloué aux prestations de nettoiement et de collecte de ces déchets».

Cette aventure inédite de la Préfecture d’arrondissements de Sidi Bernoussi vise, entre autres, la sauvegarde de l’environnement à travers l’instauration auprès du citoyen de la culture de tri des déchets ménagers, ainsi que la réinsertion socioprofessionnelle des 60 éboueurs (chiffonniers) en situation de précarité, dans une première étape. Ces ramasseurs de déchets seront réunis dans le cadre d’une coopérative. Pour les initiateurs de ce projet, l’objectif est de donner à ces éboueurs une insertion dans la société en leur offrant de meilleures conditions de travail et en leur donnant un cadre de vie décent. Les femmes ne sont pas en reste. La mise en place de ce projet permettrait également de créer des opportunités de travail, notamment à travers l’encouragement des coopératives féminines qui prendront en charge la confection des sacs écologiques de tri. Au départ, sept quartiers ciblés seront dotés d’écokiosques qui seront, à leur tour, supervisés chacun par un agent de tri (éco-conseiller) et équipés de conteneurs de déchets de différentes couleurs. Chaque couleur désigne le conteneur réservé exclusivement à une variété particulière de déchets (verre, plastiques, déchets organiques…). Les écokiosques serviront donc d’espaces pour la sensibilisation, la collecte et le tri préalable des déchets ménagers et assimilés. Ils devront également servir à l’organisation des opérations de collecte par les chiffonniers.
Outre l’objectif de créer des conditions propices à un développement local durable, cette action prévoit l’instauration d’une culture de traitement des déchets chez les ménages. Au départ, 1.400 ménages seront sélectionnés pour démarrer cette opération de tri des déchets à la source. Liens directs entre les ménages et le Centre de tri, les écokiosques serviront principalement de lieu pour accueillir les déchets. En attendant d’inculquer cette culture dans la vie quotidienne des citoyens, de nombreux avantages seront proposés aux ménages participant à cette opération: bons d’achat, réduction sur des produits ménagers ou alimentaires…
Pour Abdellah Drahbi, de l’association Essalam pour le développement social, la réussite de ce projet dépend de quatre facteurs: la société civile à travers son rôle de sensibilisation des citoyens; la ménagère qui a un rôle central en matière de tri en amont des déchets et aussi en inculquant cette culture à tous les membres de la familles; les éboueurs qui travaillent dans des conditions insalubres et qui, grâce au centre de tri, vont pouvoir être insérés dans la vie active; et enfin les services en charge de l’assainissement qui fournissent le matériel nécessaire pour la réalisation de cette opération.
Cette opération pilote entre dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs du Programme national de la gestion des déchets visant le recyclage de 20% des déchets d’ici l’an 2015.

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Bouchra Elkhadir
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Un défi national


Dans un contexte de forte croissance démographique et d’urbanisation accélérée, les besoins en services de base, surtout ceux liés à la gestion des déchets ménagers, vont depuis la collecte et le transport jusqu’à la valorisation. Ils ont connu une augmentation substantielle au Maroc entre 2004 et 2012. Ainsi, la production de déchets en milieu urbain est passée de 5 à 6 millions de tonnes par an, selon les statistiques présentées par le ministère délégué chargé de l’Environnement. En lançant en 2006 la loi n° 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination, puis en mettant en œuvre en 2008 le Programme national des déchets ménagers (PNDM), le Maroc s’est engagé dans une réforme de ce secteur de gestion. Conçu sur 15 ans, le PNDM prône une approche intégrée visant à professionnaliser la gestion des déchets et garantir une meilleure qualité de service aux usagers, notamment à travers la valorisation des déchets et le développement des filières de recyclage. Cette modernisation du secteur a été consolidée par l’amélioration de la gouvernance et la redéfinition des rôles de l’ensemble des intervenants. Ainsi, la réforme a permis de mettre en place une coordination effective de l’action gouvernementale qui vient en appui à la gestion des déchets ménagers. Elle a par ailleurs permis de confirmer la responsabilité des communes en matière de gestion des déchets ménagers tout en favorisant la participation du privé à la gestion du secteur. La mise en place du premier Centre de Tri et de Recyclage des Déchets (CTRD) au niveau de Sidi Bernoussi à Casablanca entre dans le cadre de la mise en œuvre de cette politique intégrée.

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Situation problématique


Ce projet se situe au cœur de la problématique du développement durable, surtout quand on sait qu’au niveau du Grand Casablanca, la production de déchets ménagers solides est estimée à 1kg/habitant, soit environ 4.000 tonnes/jour, avec un taux de croissance moyen de 3%. Malgré que la gestion de ces déchets ait été confiée, depuis 2004, à des sociétés privées, dans le cadre de la gestion déléguée des services de nettoiement et de propreté, la situation reste très problématique avec le mode de gestion conventionnelle et une partie indéterminée de déchets recyclables détournée par le circuit informel.

 

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