Limiter la puissance économique chinoise grandissante est, à l’évidence, un axe prioritaire de la politique de Donald Trump. Pour cela, il n’hésite pas à malmener la Chine, principalement en augmentant fortement les taxes sur les produits chinois importés aux Etats-Unis.
Aucun président américain avant Donald Trump ne s’est comporté de la sorte, obligeant la Chine à s’adapter. Pourtant, au XXe siècle, entre les Etats-Unis et la Chine, les phases de bonne entente ont alterné avec les périodes de fortes tensions. Très probablement, lorsque Donald Trump est élu, Xi Jinping et son entourage pensent qu’il va avoir la même attitude que ses prédécesseurs: lui aussi va menacer d’agir contre la montée en puissance chinoise, avant de considérer qu’il ne peut pas empêcher que celle-ci se poursuive.
En tout cas, une précaution d’ampleur prise par la Chine tranquillise les dirigeants de Pékin: depuis une quinzaine d’années, la Chine a puisé dans les recettes provenant de son excédent commercial, pour acheter de la dette américaine. Aujourd’hui, 1.120 milliards de dollars (l’équivalent de 1.000 milliards d’euros) de bons du trésor américains sont détenus par la banque centrale chinoise. Or, manifestement, cette dépendance financière des Etats-Unis à l’égard de la Chine n’impressionne pas Donald Trump.
Pas plus qu’il ne se laisse influencer par les grandes entreprises américaines, comme Apple ou Google, pour qui la Chine est un important terrain de développement. Donald Trump sait qu’aux Etats-Unis, la cote d’affection pour la Chine n’est plus ce qu’elle était. Le protectionnisme a la faveur des Républicains et aussi d’une partie de l’électorat démocrate. «L’opinion américaine a l’impression que les Chinois n’ont pas joué franc-jeu, estime Claude Martin, ancien ambassadeur en Chine (1990-1993), les Chinois n’ont pas fait les réformes que les Américains attendaient. Et en plus, ils donnent l’impression d’avoir utilisé l’ouverture américaine pour piller, voler et chercher à dominer l’Amérique».
P. Zehr