Le président français, lors de cette première visite depuis la chute de Ben Ali jugée par certains prématurée et même au regard de l’Egypte inopportune, a renouvelé son «soutien à la transition démocratique». Élue le 23 octobre 2012, à l’issue des premières élections démocratiques depuis la chute de Ben Ali, le 14 janvier 2011, l’Assemblée tunisienne de 217 élus, dont 42% appartiennent au mouvement Ennahda, discute depuis le 1er juillet dans la confusion du dernier projet de Constitution, paraphé en catimini le 1er juin. Un projet qui a accumulé les retards…
Depuis plus d’un an et demi, le palais du Bardo abrite, en effet, de vifs débats entre les députés Ennahda, le mouvement islamiste et les formations dites progressistes, notamment sur la place de la religion dans la loi fondamentale. Proposée par Ennahda comme source du droit, la charia a été écartée l’an dernier pour garder en l’état l’article 1 de la Constitution de 1959, plus consensuel: «La Tunisie est un État libre, indépendant et souverain, sa religion est l’islam, sa langue est l’arabe et son régime est la République». C’est désormais l’article 141, sur la révision de la Constitution, qui fait débat. Selon la dernière mouture, il sera impossible de toucher au «caractère civil de l’État» (ni militaire, ni religieux, selon les députés) et le «régime républicain» est consacré. Mais aussi «l’islam en tant que religion d’État». Ce dernier élément fait bondir l’opposition qui y voit «les prémices d’une théocratie», ce que balaient énergiquement les députés Ennahda.