L’économie tunisienne devrait connaître un ralentissement de 9,2% en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19, selon la Banque mondiale.
Dans son dernier rapport, la banque mondiale a rappelé que les précédentes prévisions faisaient état d’un ralentissement de seulement -4 %, expliquant que les bouleversements politiques provoqués par la démission du gouvernement d’Elyes Fakhfakh et les perturbations de la production minière, outre la pandémie sont parmi les facteurs à l’origine de ce ralentissement.
Le document a relevé que la pauvreté et la vulnérabilité devraient augmenter et inverser la tendance à la réduction rapide de la pauvreté observée ces dernières années.
Le pourcentage de la population susceptible de basculer dans la pauvreté devrait, ainsi, croître en 2020 et ne pourrait commencer à diminuer qu’à partir de 2021, estime encore la Banque dans ce rapport de suivi de la situation économique.
La même source a précisé que le nombre de pauvres et de personnes exposées à la pauvreté devrait passer de 16,6 à 22 % de la population totale.
Revenant sur le compte courant, l’institution financière internationale a estimé qu’elle reste élevé, s’établissant à 7,1 % du PIB en 2020.
D’après le rapport, il s’agit d’une amélioration par rapport aux 8,8 % de 2019, les importations diminuant plus vite que les exportations.
Ces facteurs sont de nature à soutenir l’accroissement continu des réserves de change, qui couvraient 142 jours d’importations en août (contre 95 jours, un an plus tôt), se réjouit la Banque Mondiale.
Elle fait savoir cependant que le déficit budgétaire s’est aggravé en raison d’une baisse de 11 % des recettes en milieu d’année, laquelle fait écho au ralentissement de l’activité économique et aux mesures de report d’impôts.
Pour la masse salariale, elle a augmenté de 14 % à la mi-2020, a-t-elle ajouté, faisant état de pressions sur les dépenses et de l’absence de progrès dans la maîtrise du fichier solde de l’Etat.
Ces facteurs accroissent la vulnérabilité liée à la dette dans la mesure où elle devrait passer de 72,2 % du PIB en 2019 à un pic de 86,6 % du PIB en 2020, ce qui est nettement supérieur à l’indice de référence du fardeau de la dette des marchés émergents établi à 70 % du PIB, souligne la même source.
S’agissant des perspectives pour les deux années à venir, la banque a estimé qu’après cette contraction anticipée de 9,2 % en 2020, la croissance devrait temporairement s’accélérer pour s’établir autour de 6 % en 2021, à mesure que les effets de la pandémie s’estompent.
Cependant, après cette brève embellie, la trajectoire de la croissance devrait revenir à un rythme plus modéré d’environ 2 % en 2022.
Le déficit du compte courant devrait, dans ce sens, rétrécir en même temps que les industries d’exportation remontent la pente.
D’après la Banque, cette amélioration se produirait lentement, compte tenu des contraintes structurelles persistantes et de l’incertitude politique ambiante. Le déficit budgétaire quant à lui, devrait se creuser pour atteindre 8,1 % du PIB en 2020, avant de diminuer progressivement jusqu’à 4,5 % d’ici 2022, au regard des risques baissiers liés à une masse salariale croissante.
Face à ce « choc sans précédent », la Banque mondiale préconise la nécessité d’engager des réformes structurelles visant à améliorer les performances des entreprises publiques, à accroître la contestabilité des marchés et à lutter contre la corruption.
LR/MAP