Le Haut représentant de l’Union européenne (UE) pour la politique étrangère et la sécurité, Josep Borrell a exprimé la préoccupation de l’UE au sujet de la détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie, matérialisée notamment par la détention arbitraire des militants du Hirak, des voix dissidentes et des opposants au régime.
L’Union européenne suit de près la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales en Algérie, et notamment l’affaire spécifique évoquée par les Honorables Parlementaires dans leur question (ndlr: le cas de Karim Tabbou, figure du Hirak algérien), a souligné Borrell dans sa réponse à une question posée par les eurodéputés Maria Arena, présidente de la Commission des droits de l’homme et Andrea Cozzolino, président de la délégation Maghreb au Parlement européen.
Dans leur question, les deux eurodéputés interpellent l’Union européenne sur les cas de détention arbitraire des militants du Hirak, dont l’opposant Karim Tabbou et demande à M. Borrell d’utiliser les leviers dont dispose l’UE pour demander aux autorités algériennes de libérer les détenus du Hirak.
La situation des droits de l’homme en Algérie fait l’objet d’un examen régulier et minutieux de la part du Parlement européen.
Dans une lettre adressée au Haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère et la sécurité plusieurs eurodéputés de différents groupes politiques ont récemment attiré l’attention de l’UE sur la situation de la liberté de la presse en Algérie et les exactions commises à l’égard des journalistes, rappelant le cas de Khaled Drareni, correspondant de Reporter sans Frontières.
Selon les signataires de cette lettre, “les autorités algériennes exploitent la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 pour serrer l’étau autour des militants du Hirak et des journalistes”.
Durant cette crise sanitaire, alors que les journalistes ont un devoir essentiel de combattre la désinformation, Khaled Drareni a été jeté en prison, en violation de ses droits les plus élémentaires, soulignent les eurodéputés, notant que la pandémie ne peut servir d’excuse pour empêcher les professionnels de l’information à faire leur travail et priver les journalistes indépendants de leur liberté.
Les eurodéputés affirment que les autorités algériennes assument toute la responsabilité dans la protection de la presse et doivent permettre aux journalistes de faire leur travail en toute indépendance et leur garantir le libre accès à l’information.
Ils rappellent que plusieurs ONGs internationales avaient appelé à la libération de Khaled Drareni et d’autres journalistes et militants détenus en Algérie, mais cet appel est resté sans suite.
Aujourd’hui et sur la base de la résolution du Parlement européen de novembre 2019 sur la situation des libertés en Algérie, nous vous appelons à agir auprès du gouvernement algérien en vertu de ses engagements internationaux pour mettre un terme à la détention arbitraire des journalistes et des militants des droits de l’homme, lancent ces eurodéputés à l’adresse de M. Borrell.
Quelques jours auparavant, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la Torture (OMCT) avaient publié conjointement un rapport sur la répression des défenseurs des droits de l’homme en Algérie.
Ce document, publié par l’Observatoire des deux institutions pour la protection des défenseurs des droits de l’homme, établit une chronologie des attaques contre les militants des droits humains en Algérie entre le 22 février 2019 et le 5 mai 2020.
Pour l’observatoire, les défenseurs des droits humains sont aujourd’hui particulièrement ciblés par les autorités algériennes, dans une période où plus que jamais, les gouvernements devraient libérer toutes les personnes détenues sans base juridique suffisante, y compris les prisonniers politiques et les autres prisonniers détenus simplement pour avoir exprimé des opinions critiques ou dissidentes.
Si les dirigeants du mouvement Hirak, qui continuent de réclamer pacifiquement l’avènement d’une Algérie démocratique, ont suspendu les manifestations depuis le 15 mars 2020 en raison de la pandémie de COVID-19, et que l’ensemble du pays a été placé sous confinement depuis le 4 avril, la répression a continué, avec des condamnations judiciaires à de la prison ferme, note le rapport.
Il précise que depuis le début du soulèvement populaire le 22 février 2019 en Algérie, les interpellations, arrestations, détentions arbitraires et mauvais traitements de militants pacifiques mais aussi de simples manifestants se sont multipliés.
Parmi les personnes ciblées, ajoute le rapport, les défenseurs des droits humains membres particulièrement actifs du mouvement ont été de plus en plus réprimés. Leur harcèlement judiciaire s’est intensifié depuis septembre 2019, afin de les réduire au silence.
LR/MAP