La Cour des Comptes de l’Union européenne vient de publier un rapport qui audite la manière avec laquelle la Commission européenne gère les fonds communautaires et dépense l’argent destiné notamment au soutien octroyé au Maroc dans différents domaines. Quoi de plus banal.
Mais l’intitulé de ce document prête à confusion et présente les choses comme s’il s’agissait d’une défaillance de la part du Maroc ou d’un manquement à ses engagements vis-à-vis de son partenaire européen.
Loin de remettre en cause l’opportunité de l’engagement financier de l’UE à l’égard du Maroc, le rapport qualifie le Royaume de « plus proche voisin de l’Europe », de « partenaire important », et de « partenaire stratégique dans des domaines d’action essentiels », qui « jouit d’un environnement politique stable ».
Il appelle à une révision de la gestion par la Commission européenne des fonds communautaires, non pas à l’égard du Maroc, mais plutôt au recours à l’appui budgétaire de manière générale.
Le rapport s’adresse donc à l’exécutif européen et pointe du doigt sa méthodologie de travail et la conception de ses instruments financiers. Bref, des affaires de cuisine interne.
Mieux encore, le Maroc avait anticipé les conclusions des fins limiers de la Cour des Comptes en demandant à maintes reprises à l’UE de refonder ses instruments financiers d’intervention, de les adapter aux ambitions du Royaume et de renforcer leur efficience et ce, dès le lancement de la Politique européenne de Voisinage en 2003.
L’auteur du rapport Hannu Takkula a d’ailleurs déclaré publiquement que « l’appui budgétaire de l’UE en faveur du Maroc n’a pas permis de soutenir suffisamment les réformes du pays ». Ceci confirme le constat que le Maroc établit lui-même, quant à la modestie de l’appui qui lui est accordé par l’UE et la nécessité de le renforcer.
Ce besoin de revoir les instruments financiers, reconnu par l’UE elle-même, a été clairement formulé dans le cadre de la Déclaration politique conjointe adoptée par le Maroc et l’UE à l’occasion de la 14ème session de leur Conseil d’association tenu à Bruxelles, rappelle-t-on.
Cette orientation explique en partie le choix du Maroc d’engager un processus de réflexion en profondeur sur son partenariat avec l’UE comme en témoigne la tenue de la retraite de Skhirate de juin dernier.
Au-delà de sa teneur peu objective, le rapport pêche par son caractère anachronique dans la mesure où il porte sur une période durant laquelle le Maroc avait décidé de marquer une halte de réflexion sur son agenda avec l’UE, en raison notamment de certains dysfonctionnements qui se trouvent aujourd’hui relevés dans le rapport. C’était donc une période de faible activité, voire d’inertie. Evaluer des relations en ce temps de vache maigre est un exercice de pure improvisation qui ôte au rapport toute sa crédibilité.
Les auditeurs de la Cour des comptes de l’UE, probablement pressés de livrer un document avant la fin de l’année qui s’achève, décident de ne jeter leur dévolu que sur quatre secteurs sur les quinze actuellement en cours de mise en œuvre.
En plus d’être partielle, leur évaluation est partiale en ce qui concerne certaines questions dites « transversales » au sujet desquelles le rapport s’appuie sur une source unique (Freedom House), connue pour son parti pris et son manque d’objectivité à l’égard du Maroc.
Outre ces raccourcis, le rapport de la Cour des comptes s’inscrit en porte à faux par rapport à la position officielle formulée par l’Union européenne et ses Etats membres qui considèrent que « la stabilité politique et les réformes multiples menées par le Maroc en font un partenaire clé dans la région».
Et c’est cette même position qui avait été réitérée par Mme Federica Mogherini, alors Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères lors de la 14ème Session du Conseil d’Association Maroc UE, quand elle avait affirmé avoir observé, à l’occasion de sa dernière visite dans le Royaume, « le développement de profondes réformes socio-économiques au Maroc dans un contexte de stabilité et sous l’impulsion de son Souverain, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, avec lequel j’ai eu l’opportunité et l’honneur de m’entretenir”.
“Ses 20 ans de règne, ont permis au Maroc d’approfondir le partenariat du Maroc avec l’UE tout en jouant pleinement son rôle à l’échelle du continent africain, sur la scène multilatérale et bien sûr régionale, en particulier dans le Nord de l’Afrique et du monde arabe », disait-elle.
Ce sont là les fondements inébranlables de la doctrine européenne dans la relation profonde avec le Maroc.
Le Royaume est pour sa part engagé avec l’UE de bonne foi et entend aller de l’avant dans cette relation stratégique sur la base des engagements pris par les deux parties.
Les deux partenaires se sont d’ailleurs entendus, lors du dernier Conseil d’association, de lancer le «Partenariat euro-marocain de prospérité partagée », une nouvelle étape statutaire de leur relation stratégique, indispensable pour relever les défis communs actuels et à venir.
Avec MAP