Humilié par les prorusses qui lui ont arraché la poche de Debaltsveve, au mépris du très récent cessez-le-feu conclu à Minsk sous l’égide du tandem franco-allemand, le président Petro Porochenko veut encore croire à une internationalisation du conflit qui secoue l’est de son pays depuis un an. Mercredi (18 février), il a annoncé que l’Ukraine demanderait un contingent de soldats de la paix pour surveiller la frontière ukrainienne -qu’elle ne contrôle plus depuis des mois et par laquelle entrent équipement militaire, soldats et volontaires russes-, ainsi que la ligne de démarcation entre forces en conflit.
Ce serait «la meilleure option […] pour garantir la sécurité, dans une situation où le cessez-le-feu n’est respecté, ni par la Russie, ni par ceux qui la soutiennent», a dit Porochenko.
Sans convaincre personne. Le chef de l’Etat ukrainien cherche à «détruire les accords de Minsk», s’est insurgé l’ambassadeur russe à l’ONU, Vitali Tchourkine, alors que les séparatistes ont d’entrée de jeu dénoncé une proposition qui, selon eux, serait «une violation des accords». Sans l’aval de Moscou, qui dispose du droit de veto au Conseil de sécurité, il est illusoire de croire qu’une opération de la paix puisse être parrainée par l’ONU. L’envoi d’une mission policière de l’Union européenne sous mandat onusien, considéré par Porochenko comme «le meilleur format», est donc condamné d’avance. La diplomatie européenne ne s’est pas pressée non plus pour s’emparer du projet.
Patrice Zehr