Plus qu’une question de temps pour le gouvernement «Benkirane II».
Si jusque-là, les tractations engagées par le chef de gouvernement pour la reconfiguration de la majorité ont été très lentes, le remaniement est désormais imminent. En tout cas, c’est ce qu’affirment des sources PJDistes en indiquant que les prochains jours s’annoncent décisifs.
Cette fois-ci, on n’est plus au stade des tractations préliminaires. Les consultations devront s’accélérer pour trouver une nouvelle Coalition et éviter le scénario des élections anticipées. Dès cette semaine, les regards seront tournés vers le PJD. D’après le peu d’informations qui filtrent de ces tractations politiques, le SG du parti de la lampe entamera ce week-end (7-8 septembre) de larges consultations avec les bases de son parti au sujet du mémorandum proposé par Salaheddine Mezouar, patron du RNI (Rassemblement National des Indépendants).
Selon les mêmes informations, dès cette semaine, les concertations devront se poursuivre intensément au niveau de l’état-major du parti de la lampe pour répondre aux propositions de Mezouar. «Le chef de gouvernement veut restaurer son équipe gouvernementale et exclut le recours à des échéances électorales anticipées», affirment nos sources.
Situation d’attentisme
Après quatre rounds de tractations du PJD avec le parti de la colombe, le PPS (faisant partie de la coalition gouvernementale) prend conscience que le temps est précieux. Son secrétaire général s’impatiente et brandit la carte des élections anticipées. «En cas d’échec des négociations en cours pour la formation d’un nouveau gouvernement, il faut aller vers le peuple pour lui permettre de dire son mot, car cette situation d’attentisme est intenable pour le PPS», a souligné Mohamed Nabil Benabdallah, lors de la soirée de clôture de la rencontre nationale des cadres de l’Organisation des pionniers-enfants du Maroc (OPEM-Talaî). Le PPS devrait annoncer, dans les quelques jours à venir, à l’occasion de la rentrée politique, «des initiatives pour faire sortir le pays de la situation d’attentisme qui bloque toutes les réformes essentielles et les attentes des citoyens».
Alliance en panne
Côté RNI, selon les informations qui ont filtré, on préfère attendre la réponse de Benkirane aux propositions du Rassemblement avant de parler du profil des ministrables. «A l’étape actuelle des consultations, contrairement aux informations qui circulent dans la presse, le parti n’a pas encore arrêté la liste de ses prétendants aux postes de ministre», précisent ces mêmes sources. Elles indiquent que, si en général les RNIstes restent optimistes quant à l’aboutissement des consultations avec les islamistes, ce parti refuse toutefois d’être la roue de secours d’une majorité en panne. «Nous considérons que la tendance générale est très positive. Dans les deux prochaines semaines, nous prévoyons un aboutissement positif». Et de préciser que l’on attend du chef de gouvernement de trancher favorablement, concernant le mémorandum proposé par le SG du RNI.
Les RNIstes, rappelons-le, ont posé leurs conditions pour la formation de la nouvelle Coalition gouvernementale. Ils ne seront donc intéressés de participer au gouvernement «Benkirane II» que si le chef de gouvernement prend en considération ces conditions. Celles-ci ont été formulées noir sur blanc dans le mémorandum adopté récemment à l’issue d’une réunion de l’état-major du RNI. Dans son mémorandum, Salaheddine Mezouar demande une révision du programme gouvernemental et une refonte totale de l’équipe «Benkirane».
Ainsi, le durcissement de l’attitude du SG du RNI n’est pas de nature à rendre facile la mission au chef de gouvernement qui doit aussi gérer les propositions de ses autres alliés au gouvernement, en l’occurrence le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) et le Mouvement Populaire (MP). Mais Abdelillah Benkirane n’entend pas se laisser faire, lancent des analystes de la chose politique. «Les PJDistes ne vont pas céder au chantage des RNIstes dans le cadre des consultations en cours. Autrement, le chef de gouvernement aurait pu accepter les propositions ayant été formulées par le Parti de l’Istiqlal qui, lui aussi, avait insisté sur les mêmes revendications avant de se retirer de la majorité en juillet dernier», lance-t-on. «Le chef de gouvernement pourrait accepter de procéder à un changement de la configuration du gouvernement. Mais Abdelilah Benkirane semble déterminé à ne pas céder à toutes les demandes du RNI, lesquelles portent notamment sur une révision globale du programme gouvernemental», indiquent les mêmes voix qui appellent à saisir l’opportunité des tractations en cours pour corriger les dysfonctionnements relatifs à la répartition des maroquins.