USA | Joe Biden y arrivera-t-il ?

Un an après son arrivée à la maison blanche le Président démocrate est déjà au creux de la vague. Malgré les turbulences actuelles, le Président américain s’est projeté jusque dans l’élection de 2024… Hypothèse envisageable ?

Le Président américain, Joe Biden, a évoqué la présidentielle 2024, en effet, malgré toutes les incertitudes qui l’entourent, indiquant qu’il choisirait à nouveau son actuelle vice-présidente, Kamala Harris, pour être sa colistière. Cette hypothèse parait aujourd’hui bien fragile alors que Trump effectue un stupéfiant retour en force.

C’est au cours d’une conférence de presse marathon de près de deux heures, qu’un Joe Biden en pleine période de doutes et d’échecs, a défendu le bilan de sa première année à la Maison Blanche. Il n’a pas convaincu, même pas les médias qui, par principe idéologique et par haine de Trump, lui sont favorables.

Il avait été salué comme un nouveau Franklin Roosevelt, et son mandat comme celui d’un nouveau New Deal, une réforme en profondeur du système social et économique américain. Son immense expérience du Sénat en faisait l’héritier de Lyndon Johnson, qui avait la réputation de ne jamais avoir perdu un vote au Congrès et avait fait passer la législation des droits civiques. Un an après, Joe Biden est désormais comparé à Jimmy Carter, l’infortuné Président démocrate, idéaliste mais maladroit, malchanceux en politique étrangère et inexpérimenté en politique intérieure, humilié par la prise d’otages de Téhéran et victime du choc pétrolier, qui avait été battu après un unique mandat par Ronald Reagan. Redevenu le commentateur cruel des déboires des autres, Trump a même estimé que la comparaison était injuste pour Carter. «Carter ne faisait que mal gérer crise après crise, Biden lui, provoque crise après crise», s’est moqué cruellement l’ancien Président. De plus, la mise au point du bilan de Biden a été éclipsée par la crise ukrainienne, alors qu’il a semblé fataliste sur une probable «incursion mineure» de la Russie. Et quelques heures plus tard, les démocrates ont échoué au Sénat à faire adopter la réforme électorale défendue par le Président américain, un revers emblématique de ces douze derniers mois. Et sans doute des dix prochains, avant les midterms de novembre qui s’annoncent périlleuses pour les démocrates. L’opposition républicaine s’est malgré tout emparée du sujet (Ukraine), reprochant au Président américain de se résigner à une attaque de Moscou, à condition qu’elle ne soit pas trop spectaculaire. Son administration  a dû multiplier les communiqués de précisions de la  vraie pensée présidentielle.

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Même la gestion  de la pandémie ne lui est plus favorable. Lors de sa cérémonie d’investiture, le 20 janvier 2021, Joe Biden avait fait observer une minute de silence à la mémoire des victimes du Covid-19. Ils étaient 424 000 ce jour-là, selon le décompte des centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Un an plus tard, une seconde prière serait envisageable: le nombre de morts a doublé –les 850 000 décès ont été dépassés– tandis que le nombre d’Américains touchés par le virus est passé de 24,5 millions à 65,2 millions. Avec 257 morts pour 100 000 habitants, contre 191 en France, le bilan des Etats-Unis est très médiocre. Seuls 49 % des Américains jugent que leur Président gère bien la crise sanitaire, contre 67 % en mars, selon une enquête pour YouGov. «Je ne vais pas abandonner et accepter les choses telles qu’elles sont maintenant. Certains appellent ce qui se passe la “nouvelle normalité”. J’appelle cela un travail non achevé, a lancé Joe Biden mercredi 19 janvier, lors de la conférence de presse. On n’y est pas encore, mais on va y arriver».

Au lieu du retour à la normale promis lors de son entrée en fonction, son mandat n’apparaît même plus comme un répit. Biden a cessé d’invoquer l’«âme de l’Amérique», ou de chercher à «faire baisser la température». Mais au lieu d’un appel à l’union, Biden a mis en accusation tous les élus qui ne voteraient pas les projets de loi électoraux du Parti démocrate.

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S’exprimant, mercredi 19 janvier, lors d’une conférence de presse, un exercice qu’il ne goûte guère, le Président américain est apparu plus maladroit que combatif, sans formules cinglantes. Il s’est même égaré dans des propos ambivalents sur la menace russe contre l’Ukraine, que la Maison Blanche a dû préciser dans la soirée, par communiqué.

Joe Biden a feint de découvrir la violence de la politique américaine et sa polarisation incandescente, avant de faire cet aveu, d’une candeur rare: «Je n’avais pas anticipé qu’il y aurait un effort aussi vigoureux pour s’assurer que la chose la plus importante soit d’empêcher le Président Biden d’accomplir quoi que ce soit».  A onze mois des élections de mi-mandat, les prêches bipartisans sont mis de côté, comme un habit démodé. Le Président a choisi de dénoncer l’obstruction systématique de l’opposition républicaine, en soulignant la soumission des élus du Grand Old Party (GOP) à Donald Trump.

Les délections de mi mandat sont par nature défavorables au parti du Président. Les républicains peuvent accroître leur contrôle et leur poids politique et à travers eux Trump peut avant même les élections présidentielles reprendre la main. Biden devra faire face aux menaces de l’aile gauche de son parti. Il devra rassurer l’Otan,  gérer les relations conflictuelles avec la Chine et la Russie avec une lucidité forte et raisonnable. Il devra donc surtout lever les doutes sur sa propre personne. Un an plus tard on en est déjà là.

Patrice Zehr

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