Les habitants de Marrakech sont encore sous le choc. Dans leur bouche, les mots ne sont pas assez forts pour décrire l’atrocité des sévices sexuels subis par Jawhara, une adolescente âgée de 14 ans, victime de viol de la part d’un touriste de nationalité koweïtienne.
Tout commence un soir de mars 2019. Alors qu’elle tchate sur le net, la jeune Jawhara est abordée par Abderrahman Mohamed Samrane, un jeune Koweïtien de 24 ans. Au moment des faits, ce dernier effectuait un séjour touristique au Maroc. Se faisant passer pour un cadre supérieur à la recherche de l’âme sœur, le ressortissant koweïtien parvient à convaincre sa victime de le rencontrer dans une boite de nuit branchée de la Cité ocre. A Marrakech, comme dans bien d’autres villes marocaines, nombreuse sont les jeunes filles qui acceptent les avances qui leur sont faites par des ressortissants étrangers, notamment khalijis, espérant une amélioration de leurs conditions sociales. N’ayant aucun soupçon de son dessein, Jawhara rencontre Mohamed Samrane en mars 2019, dans ladite boite de nuit branchée.
Descente aux enfers de la jeune Jawhara
Devant les enquêteurs, l’adolescente de 14 ans a raconté comment son violeur l’a entrainée dans sa luxueuse demeure avant d’abuser d’elle pendant plusieurs jours. Entre temps, les parents de Jawhara, constatant la disparition de leur fille, avaient déposé plainte au commissariat le plus proche. Au fond, les parents de la jeune fille disparue, étaient convaincus qu’il s’agissait d’une fugue. En juillet 2019, Jawhara refait surface après que le désespoir se soit emparé de sa famille. Portant des ecchymoses à différents endroits de son corps, Jawhara se mure dans le silence, refusant de raconter le calvaire qu’elle a vécu pendant plusieurs semaines. Après beaucoup d’insistance de la part de sa mère, Jawhara se confie enfin en racontant en détails les sévices sexuels que lui a fait subir son bourreau qui a pris un malin plaisir à l’humilier, en lui répétant qu’avec son argent, il pouvait tout se payer. Le violeur koweïtien va d’ailleurs remettre à sa victime la modique somme de 3.000 DH, en la menaçant de représailles si elle dépose plainte.
Force est de constater que les adeptes du tourisme sexuel, se croient tout permis. Ils se considèrent au-dessus des lois, juste parce qu’ils sont pleins aux as. Certes, Jawhara a commis l’erreur de faire confiance à un inconnu. Il est vrai qu’en acceptant d’accompagner un inconnu dans un lieu privé, elle s’exposait à toutes sortes de dangers. Toutefois, justice doit être rendue à cette jeune fille qui a succombé à la tentation en raison de sa précarité économique.
L’accusé prend la fuite avant le verdict
Suite à la plainte déposée en décembre 2019 par la famille de Jawhara, pour enlèvement, séquestration et viol sur mineure, le dénommé Abderrahman Mohamed Samrane a été arrêté quelques jours plus tard. Mais, à la stupéfaction générale, le prévenu est parvenu à obtenir une libération provisoire sous caution (30.000 DH), le 28 janvier 2020. La fermeture des frontières et le placement sous surveillance du ressortissant koweïtien n’ont été actés que le 30 janvier, ce qui lui laissait un délai suffisant pour quitter discrètement le pays, laissant derrière lui un procès en cours, et faisant fi des garanties de présence offertes par l’ambassade du Koweït au Maroc.
Dans cette affaire, le verdict était attendu le 12 février 2020. Le seul hic, c’est que cette audience s’est déroulée en l’absence de l’accusé qui a pris la poudre d’escampette. En effet, Abderrahman Mohamed Samrane a regagné son pays d’origine quelques jours plus tôt. Selon l’antenne marrakchie de l’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH), le ressortissant koweïtien a profité de la non-confiscation de son passeport par la justice marocaine pour quitter le pays.
Le gouvernement sort de son silence
Jeudi 13 février 2020, le ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports, porte-parole du gouvernement, El Hassan Abyaba, a été interrogé sur l’affaire du ressortissant koweïtien accusé de détournement et de viol de mineure à Marrakech, qui a réussi à s’enfuir vers son pays après avoir bénéficié de la liberté provisoire. «La question est entre les mains du pouvoir judiciaire et le gouvernement ne peut pas intervenir, car le pouvoir judiciaire agit conformément aux lois», a affirmé le porte-parole du gouvernement. «Le pouvoir judiciaire a de multiples moyens de s’acquitter de ses tâches en vue d’un procès équitable», a-t-il ajouté.
La prochaine audience de Mohamed Samrane, est prévue le 17 mars 2020. Bien que la famille de Jawhara ait abandonné les poursuites judiciaires contre lui, suite à des pressions, rapportent des sources proches de la partie civile, l’AMDH ne compte pas lâcher l’affaire. L’Association s’est d’ailleurs portée partie civile dans cette affaire. En outre, l’AMDH s’est dite prête à recourir à toutes les dispositions internationales relatives aux droits de l’enfant et contre le viol et la traite humaine, pour poursuivre le ressortissant khaliji devant une juridiction internationale.
En 2017, un ressortissant originaire d’un pays du Golfe avait poussé le bouchon trop loin et s’était attiré les foudres des Marocaines sur les réseaux sociaux, après avoir tenu des propos insultants à leur égard. L’homme, venu en touriste au Maroc, a porté un jugement offensant en généralisant: «Les Marocaines sont moins chères que les frites».
Le code pénal marocain définit le viol, à l’article 486, comme étant «l’acte par lequel un homme a des relations sexuelles avec une femme contre le gré de celle-ci». Ce crime est passible d’une peine de cinq à dix ans de prison. S’il est commis sur une mineure de moins de 15 ans, la peine est la réclusion de dix à vingt ans.
Mohcine Lourhzal