Entretien avec Hicham Zanati Serghini, DG de la Caisse Centrale de Garantie
Au vu d’une étude récente, aussi bien pour les TPME que pour les particuliers, la CCG est en train de se constituer en réel support de développement et d’aboutissement de projets. Sur la mission de la Caisse, son champ d’investigation, ses contributions et ses projets, Le Reporter fait ici le point avec son directeur général, Hicham Zanati Serghini.
Une étude d’impact récemment publiée par la CCG montre qu’économiquement, la garantie apporte un réel «plus», notamment financier. Que peut représenter une telle étude pour la CCG?
L’étude d’impact que la Caisse Centrale de Garantie (CCG) a fait réaliser par un cabinet international indépendant a démontré de manière objective et chiffrée la contribution de la garantie institutionnelle publique dans le développement économique et social national. En effet, les résultats de cette étude ont étayé encore une fois l’additionnalité économique et financière, l’efficacité et l’efficience de la garantie institutionnelle, garantie qui constitue un outil puissant dans l’arsenal des instruments de politique économique du gouvernement en matière de développement des TPE et PME (TPME). Cette catégorie d’entreprises, qui constitue une locomotive de développement et de création d’emploi, est, selon les résultats de l’étude, le principal bénéficiaire dans la mesure où 8 projets sur 10 agréés par la CCG n’auraient pas pu mobiliser les financements nécessaires à leur réalisation sans la garantie de la CCG. D’autre part, l’étude d’impact de la garantie institutionnelle de la CCG, la première du genre au Maroc et dans la région MENA, a mis en exergue l’effet de levier de la garantie dans la mesure où chaque dirham injecté dans le dispositif permet de mobiliser 15 DH de crédit et 22 DH d’investissement. Par ailleurs, ce même dirham injecté dans le système de garantie rapporte au Trésor public 2,8 DH sous forme principalement de revenus fiscaux générés par les TPME dont les financements sont avalisés par la CCG.
Si «l’additionnalité économique et financière» a été introduite par l’étude, celle-ci n’a présenté aucune limite à la garantie, ni aux freins à son extension. Quelles sont selon-vous ces éventuelles limites?
La question des freins à l’extension de la garantie a été traitée auparavant, lors de l’étude réalisée en 2007 par le ministère de l’Economie et des Finances, laquelle a abouti à la construction d’une nouvelle vision du système de garantie institutionnelle; vision alternative qui constitue la matrice des plans de développement 2009-2012 et 2013-2016 de la CCG. En effet, depuis 2009, nous sommes dans une logique de rupture par rapport aux années précédentes. En témoignent les résultats enregistrés qui atteignent des niveaux historiques depuis la création de la Caisse. Ainsi, nous devrons terminer l’année 2013 avec plus de 4 milliards de DH de crédits bancaires garantis en faveur de 2.000 TPME, alors qu’avant 2009, on peinait à atteindre 800 millions de DH de crédits garantis pour 650 TPME. Cette dynamique trouve sa raison notamment dans le nouveau modèle adopté par la CCG depuis 2009 et consistant en une révision en profondeur de l’intégralité de la chaîne de valeur opérée dans le cadre d’une approche d’écoute clients. Par conséquent, il est difficile de parler aujourd’hui de freins à l’utilisation de la garantie institutionnelle. Je pense que la question se pose plutôt en amont au niveau du marché du crédit des TPME dont il conviendrait d’approfondir l’analyse aussi bien sur la partie offre que sur la partie demande. Je pense également que le projet de l’observatoire de la PME tombe à point nommé, puisqu’il sera un outil important pour permettre aux différents acteurs d’avoir des informations utiles et pertinentes pour une plus grande efficience du marché du crédit en faveur des TPME.
Pour 2013-2016, la CCG se lance dans la mise en œuvre de son deuxième plan stratégique. Sur quoi se base-t-il?
Il s’agit d’un plan stratégique ambitieux qui vise notamment à mobiliser un volume de crédits de 18 MMDH en faveur de 8.600 TPME. Les nouveautés apportées par ce plan stratégique concernent principalement le développement de l’offre-produits à travers le lancement de la garantie du crédit-bail et des crédits à la transmission d’entreprises, ainsi que de nouveaux produits spécifiques pour le soutien aux entreprises exportatrices et les créations des TPME. Le deuxième axe important de cette nouvelle stratégie, c’est la poursuite de la dynamique de déploiement régional à travers la création de pas moins de 6 centres d’affaires régionaux.
Les PME sont au centre des intérêts de la CCG, mais elles sont touchées essentiellement par le biais des banques. Pourquoi?
De prime à bord, il faut savoir que la CCG n’est pas un concurrent du secteur bancaire. La CCG est un organisme de place qui met à la disposition du secteur bancaire des produits qui lui permettent de réduire son risque et, par voie de conséquence, de financer davantage de TPME qui constituent notre cible commune avec le secteur bancaire. Par ailleurs, comme vous le savez, le financement par le crédit est et restera la première source de financement externe des TPME. C’est une donnée mondiale. Il est donc normal que l’essentiel de nos produits soient orientés crédits bancaires, même si aujourd’hui nous investissons de nouveaux véhicules de financement, notamment le capital-risque et le capital-développement.
La CCG avait mis en place un mécanisme pour la garantie des crédits de fonctionnement. En quoi consistait-il et quels en ont été les résultats?
Comme vous le savez, le financement du cycle d’exploitation est souvent un paramètre déterminant dans la réussite ou l’échec d’une TPME. C’est donc dans l’objectif d’inciter les banques à accompagner le financement des besoins de trésorerie des entreprises que nous avons lancé en 2012 aussi bien le produit «Damane Exploitation» que le produit «Damane Express», ce dernier étant dédié aux TPE. Ces instruments de garantie consistent à partager avec les banques le risque sur leurs opérations de financement des différents besoins en fonds de roulement de l’entreprise, tel que la facilité de caisse, le découvert, l’escompte, la mobilisation de créances nées à l’étranger, les avances sur marchandises, le cautionnement de marchés aussi bien publics que privés… Au cours de 2012 (première année de lancement), nous avons garanti 1,7 MMDH de crédits d’exploitation et, durant le 1er semestre 2013, les crédits d’exploitation garantis par la CCG ont atteint 1,4 MMDH, ce qui montre l’engouement pour un tel dispositif.
Propos recueillis Par Hamid Dades