La nature changeante des marchés financiers exige une action rapide des dépositaires centraux des titres des valeurs mobilières, pour faire face aux différents défis…
Ce constat a été annoncé par Fathia Bennis, PDG de Maroclear, lors des travaux du 5ème Forum mondial des Dépositaires centraux des titres des valeurs mobilières (WFC 2019) à Marrakech. Fathia Bennis a ainsi appelé à une action rapide «pour affronter les différents défis auxquels nous faisons face… Aujourd’hui, ce n’est plus la technologie qui distingue les grandes firmes des petites, mais plutôt les talents et l’agilité», a-t-elle souligné.
Mettant l’accent sur l’importance du thème retenu pour ce forum, «la nature changeante des marchés financiers», elle a relevé que l’usage des nouvelles technologies, désormais accessibles à l’ensemble des opérateurs, offre des opportunités pour transformer les activités, élargir les produits et services, améliorer leur qualité et les rendre plus accessibles, moins coûteux et plus sûrs.
Dans ce sens, la PDG de Maroclear a estimé que la «blockchain constitue une révolution technologique et pas qu’un simple progrès», dans la mesure où elle permet de gagner énormément en termes de temps et d’efficacité.
Cette technologie, a-t-elle expliqué, est sans erreur, puisqu’il n’y a pas d’intervention humaine et permet aussi aux opérateurs de bénéficier de plusieurs services avec un moindre coût. «Cela est important pour le développement de notre place et pour l’objectif de création d’un hub régional». Et d’ajouter que la Banque mondiale, les banques centrales et les dépositaires centraux du monde entier sont à la même longueur d’onde concernant les bienfaits et l’usage de cette technologie. «A partir du moment où la banque centrale est pour la blockchain, c’est une bonne nouvelle pour les dépositaires centraux. Pour nous, c’est un moment idéal pour avancer en la matière, dans la perspective de développer nos propres solutions. Nous voulons plus acheter, mais vendre», a soutenu F. Bennis.
Défis et pistes de travail
Pour sa part, la présidente de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), Nezha Hayat, a mis l’accent sur les défis que représentent les nouvelles technologies, tels que la finetech, la cybersécurité et la Blockchain, notant que ce forum est l’occasion pour les dépositaires centraux de préparer leurs infrastructures et ressources humaines, pour mieux cerner les évolutions technologiques et réglementaires sur les marchés financiers.
Les dépositaires centraux contribuent à l’efficacité et la sécurité des marchés, a-t-elle précisé, se félicitant du progrès important réalisé en la matière par Maroclear ces dernières années.
Hayat a, par ailleurs, souligné l’importance d’encourager l’innovation financière et le renforcement des capacités des différents acteurs des marchés financiers, faisant remarquer que la fintech pourrait remodeler les marchés financiers. «Les offres fintech devraient être utilisées par tous les acteurs des marchés financiers, afin de mieux comprendre et faire face aux défis de l’innovation». Elle a, dans ce sens, cité la blockchain qui a un impact important sur les activités financières et le marché boursier, notant que des études menées à cet effet ont fait ressortir que cette technologique pourrait réduire les délais de règlement et les risques des transactions, améliorer et renforcer la sécurité des données. Parallèlement, Nezha Hayat a mis l’accent sur la nécessité d’adopter une approche globale engageant les différents acteurs mondiaux, pour faire face à la cybercriminalité et de «renforcer la confiance au sein de notre écosystème».
De son côté, le président de l’Association des dépositaires centraux d’Afrique et du Moyen-Orient (AMEDA), Mohamed Abdel Salam, a relevé que l’industrie des dépositaires centraux est confrontée à une série de défis et de menaces, soulignant qu’avec des ressources traditionnelles de recettes, les dépositaires s’efforcent à diversifier leurs services. «Nous sommes aussi en train d’innover, en réponse aux nouvelles variétés de technologies numériques comme la blockchain et l’intelligence artificielle», a-t-il soutenu. Il a mis l’accent sur l’importance d’une infrastructure de marché financière solide, pour assurer la sécurité dans ce domaine.
Abdel Salam a, en outre, noté que les cyber attaques qui deviennent de plus en plus sophistiquées pourraient porter atteinte à cet écosystème. A cet effet, il a appelé à joindre les efforts de l’ensemble des acteurs de cette industrie, pour bien mener et protéger l’activité des dépositaires centraux.
«Cela fait 32 ans que les dépositaires centraux se rassemblent, ce qui leur a permis d’acquérir une certaine maturité», a-t-il fait remarquer, déplorant que «durant toutes ces années, ils ont toujours été à l’ombre». Et d’ajouter que si cette activité n’existait pas, aucune des Bourses du monde ne serait en mesure de fournir un tel flux d’information et de transactions. «Les dépositaires centraux jouent un rôle crucial au sein des marchés de capitaux. Nous devons avoir de la visibilité et passer de forum à fédération», a-t-il préconisé.
Pour sa part, le président du WFC, Byungrhae Lee, a relevé que les nouvelles innovations créeront de nouvelles menaces, ce qui met l’ensemble des opérateurs dans l’obligation de consentir davantage d’efforts pour s’y adapter. «Cette ère de progrès technologique nous a permis d’échanger des idées et plus encore. Nous pourrions adopter une vision pessimiste pour trouver des solutions logiques raisonnables. Mais avec une vision optimiste, il est possible d’avoir de meilleures solutions créatives», a-t-il souligné.
M. Lee a, en outre, fait observer que «la fracture technologique est extrêmement préoccupante», estimant que le fait de considérer les progrès technologiques comme un boom pour l’humanité pourrait aider à faire face aux différentes menaces mondiales. Globalement, a-t-il poursuivi, les pays font face à des problèmes sociaux et politiques, tels que les conflits commerciaux, les changements climatiques, la pauvreté, etc. Il a rappelé à cet égard que la Banque mondiale prévoit un taux de croissance de l’économie mondiale de 2,9%, en 2019 et de 2,8%, en 2020.
Organisé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, ce forum, qui se tient tous les deux ans, a constitué une occasion idéale pour les principaux dépositaires centraux du monde de discuter de l’actualité et des pratiques du secteur, ainsi que d’échanger les expériences.
L’impact des nouvelles technologies, la Cybersécurité, la Blockchain et la Fintech, sur les Dépositaires et leurs activités sont entre autres les thématiques qui ont été abordées à cette occasion par les professionnels et les spécialistes venus 90 pays.
Il est à rappeler que seules quelques métropoles dans le monde ont eu l’honneur d’organiser le forum mondial des Dépositaires centraux des titres des valeurs mobilières (WFC). Marrakech est ainsi la 5ème après Cape Town (Afrique du Sud), Saint Petersbourg (Russie), Cancun (Mexique) et Hong Kong (Chine). Le WFC a aussi été une nouvelle occasion pour Maroclear de contribuer au rayonnement du Maroc, dont la capacité d’organiser de grands événements internationaux n’est plus à prouver.
HD
Elle a déclaré…
Fathia Bennis, PDG de Maroclear
Pour un partage gagnant-gagnant
Pour la PDG de Maroclear, Fathia Bennis, le Maroc, en avance en termes de marchés financiers et de capitaux, partage son expérience et son expertise en la matière avec les différents pays africains. Dans ce sens, elle a précisé: «Nous sommes en avance en termes de marchés financiers et de capitaux par rapport à plusieurs places. Nous avons travaillé avec la Banque centrale de la Tunisie pour l’émission des bons de Trésor et leur gestion, ainsi qu’avec la Côte d’Ivoire et le Gabon». «Le Royaume est en pleine révolution digitale et bien avancé à ce niveau. Il est ainsi important de faire du Maroc un hub financier régional, à même de séduire les investisseurs européens et africains et de promouvoir les investissements marocains à l’étranger».
Sur le plan des nouvelles technologies financières (fintech) et leurs impacts sur l’amélioration des services financiers, Bennis a relevé: «La technologie de la Blockchain devrait être développée d’une manière rapide, eu égard aux avantages qu’elle offre en matière de décentralisation… Nous sommes dans une politique d’échange de bons procédés et pas dans celle de donneur de leçons. Il s’agit d’une relation gagnant-gagnant».