Le samedi 2 novembre, l’heure était au soulagement dans le Monde arabe. On pensait entrevoir la fin prochaine de 3 ans de guerre au Yémen, un conflit qui paraissait jusqu’alors insoluble.
L’ex-président, Ali Abdullah Saleh, avait courageusement décidé de calmer les hostilités. Il avait pris ses distances avec ses anciens alliés houthis, les désignant publiquement comme une milice cherchant le chaos.
Les Houthis firent aussitôt de lui l’homme à abattre. Et seulement deux jours plus tard, ils détruisirent sa maison à Sanaa, puis l’exécutèrent, avant de faire circuler une vidéo de son cadavre mutilé sur les réseaux sociaux.
Ils ont envoyé un message clair au peuple yéménite, faisant passer en 48 heures la capitale de l’espoir à la catastrophe. Les Houthis ne négocieront pas. Ils répondront au dialogue avec leurs munitions.
La mort de Saleh et la fracture entre ses partisans et les Houthis, marque un tournant dans la guerre au Yémen. Si la communauté internationale ne s’empare pas du conflit plus sérieusement, l’assassinat de Saleh risque d’entraîner une escalade de la violence, infligeant toujours plus de souffrance à la population civile, dont environ un tiers est déjà menacé par la famine et le choléra.
Les Houthis opèrent désormais au grand jour. Ils ne peuvent plus dissimuler la violence de leurs attaques. Ils sont passés à l’offensive dès le 3 décembre, prétendant avoir lancé un missile sur une centrale nucléaire en construction à Abu Dhabi. Heureusement, le missile n’a pas atteint sa cible -l’armée des Emirats Arabes Unis l’aurait de toute façon intercepté-. Mais cela en dit long sur la stratégie offensive et la détermination des Houthis.
Patrice Zehr