Maroc-Espagne, aujourd’hui

SM Juan Carlos et SM Mohammed VI Rabat juillet 2013

La crise économique a fini par rattraper le Maroc, mais bien avant, l’Espagne en a souffert et en souffre encore. Une issue semble plausible, voire une opportunité pour sauver l’économie espagnole et donner une nouvelle impulsion à l’économie marocaine.

Une opportunité en mesure aujourd’hui d’être un réel levier de l’économie de la région… Région où le Maroc s’est érigé en modèle et en pionnier en matière d’ouverture et de stabilité. Deux nouvelles donnes qui ne sont pas aujourd’hui sans impacter positivement l’entourage régional et les relations maroco-espagnoles.

Lesquelles relations se caractérisent par une grande intensité qui se reflète dans la multiplication des réunions et contacts à tous les niveaux. Les gouvernements des deux pays ont posé les fondements d’un nouveau partenariat stratégique permettant aux relations bilatérales de franchir une nouvelle étape à travers l’instauration d’un dialogue politique intense renforcé par un nouveau partenariat économique et un programme ambitieux sur les plans social et culturel.

Ainsi, Rabat a abrité le Forum économique Maroc-Espagne qui a réuni plusieurs ministres des deux pays et 130 patrons et dirigeants des plus importantes entreprises publiques et privées espagnoles et marocaines, ainsi que de nombreuses PME. Cette rencontre, dont l’objectif était le renforcement du partenariat économique entre les deux pays, s’articulait autour du développement conjoint à l’international, la croissance partagée à travers les PME, le partenariat technologique, la connectivité, les infrastructures et la co-localisation.

En automne, ce sera au tour de l’Espagne d’abriter la tenue de la prochaine session de la réunion annuelle de haut niveau Maroc-Espagne. Madrid accueillera, en amont de cette réunion, le deuxième Forum parlementaire maroco-espagnol.

Mais qu’est-ce qui a changé?

Il y a encore très peu, il arrivait à certains de croire qu’entre le Maroc et l’Espagne, rien n’allait plus.

La diplomatie a toujours su maintenir les relations au beau fixe, en dépit de quelques positions politiques espagnoles parfois très audacieuses et très mal intentionnées à l’égard du Maroc. Et l’économie prenait un coup et beaucoup de secteurs d’activité en souffraient.

Sur le plan social, le Maroc n’était vu que comme un exportateur d’immigrants clandestins…

La crise économique a ainsi donné l’occasion à l’Espagne de reconsidérer sa position vis-à-vis du Maroc devenu une destination privilégiée des rescapés ou des victimes de la crise économique en Espagne.

Les flux se sont vus inversés. Beaucoup d’espagnols, fuyant la crise, sont venus s’installer au Maroc, soit pour travailler, soit pour relancer des petites affaires en attendant des jours meilleurs. A plus grande échelle, l’Espagne, qui veut prendre la place de la France comme premier partenaire économique du Maroc et premier fournisseur, voyait sa cote baisser et n’arrivait plus à revenir à la charge.

Maroc | 77% des échanges commerciaux sont effectués avec des pays ayant conclu des ALE

En 2012, la balance commerciale entre le Maroc et l’Espagne s’est affichée déficitaire au détriment du Maroc, en passant d’environ 7,31MMDH en 2011 à près de 20,35 MMDH, soit une aggravation de 178,38%, selon les chiffres du département du Commerce extérieur. La balance commerciale bilatérale s’est détériorée malgré une évolution considérable de 14% des échanges commerciaux entre les 2 pays, qui sont passés de 71,22 MMDH en 2011 à 81,40 MMDH en 2012; une progression alimentée particulièrement par la hausse des importations marocaines. Ces dernières sont passées de 39,26 MMDH en 2011 à 50,87 MMDH en 2012, soit une augmentation de 30%, alors que ses exportations vers ce pays ibérique ont connu une baisse de 4% en 2012 (30,52 MMDH en 2012, contre 31 MMDH en 2011).

Pour ce qui est du Maroc, il s’est situé dans le commerce extérieur espagnol en 2011 au 19ème rang pour les importations avec 1,1% du total des importations de l’Espagne et au 9ème rang pour les exportations avec 1,9% du total des exportations. Situation trop peu encourageante d’un côté comme de l’autre et qui appelait à l’action.

L’action immédiate est surtout ressentie dans la position du Parti Populaire au pouvoir, jadis ennemi juré du Maroc et de son intégrité territoriale, mais qui s’est donné suffisamment de temps pour reconsidérer sa position et revoir sa relation avec le Maroc. Il y allait de l’avenir de tout le pays voisin et de ses intérêts que le pouvoir se devait de défendre et de préserver. Il a ainsi opté pour l’ouverture sur le Maroc et le développement des relations bilatérales sur plusieurs plans.

En réponse, le Maroc «invitera», de manière très élégante, les ressortissants espagnols, installés au Maroc à régulariser leur situation, dans des délais on ne peut plus larges (remarquons, au passage, que nos ressortissants qui étaient dans des situations irrégulières en Espagne, n’ont jamais eu un tel traitement ni pareil privilège)… C’est le début d’une ouverture qu’a couronnée la visite du Roi d’Espagne, venu décidé à relancer, sur de solides bases, les relations maroco-espagnoles, vu tout l’intérêt qu’ont ces deux Etats à collaborer ensemble et les deux pays à entretenir des relations qui vont bien au-delà de l’amitié et du bon voisinage.

L’Espagne dénonce la violation par l’Algérie de l’accord d’association avec l’UE

 Maroc-Espagne – Les priorités

Signature accords maroc espagne juillet 2013

Le Maroc et l’Espagne ont conclu de nombreux accords financiers leur ayant permis de cofinancer des projets importants, tels que la centrale thermique solaire de Aïn Béni Mathar. A l’heure actuelle, près d’un millier d’entreprises espagnoles sont installées au Maroc.

Aujourd’hui, l’objectif est certes le renforcement du partenariat économique avec Madrid, comme avec Paris qui est un des plus importants partenaires économique du Maroc, son premier fournisseur et son deuxième client.

La signature d’une convention de coopération entre la Confédération espagnole des organisations entrepreneuriales (CEOE) et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) va aussi dans ce sens. Mais, à côté de cela, il y a bien d’autres priorités, notamment la sécurité, le transport, l’industrie, le tourisme et la recherche scientifique.

Dans ce cadre, le ministre de l’Intérieur, Mohand Laenser, s’est entretenu avec son homologue espagnol, Jorge Fernandez Diaz, des questions sécuritaires d’intérêt commun et également de celles concernant l’Union européenne. Des rencontres similaires ont aussi eu lieu entre d’autres ministres et leurs homologues espagnols, notamment le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad et le ministre espagnol de l’Industrie, de l’énergie et du tourisme, José Manuel Soria, pour explorer de nouvelles pistes pour investir conjointement dans le marché latino-américain.

De son côté, Aziz Rabbah, ministre de l’Equipement et du Transport, a rencontré la ministre espagnole de l’Equipement, Ana Pastor. Rebbah a mis en exergue la volonté du Maroc de tirer profit de l’expérience espagnole dans ces secteurs, notamment les transports maritime et ferroviaire, mettant l’accent sur l’importance du rôle du secteur privé dans ce contexte. Il a également évoqué le projet de liaison fixe entre les deux rives du détroit de Gibraltar, appelant à œuvrer pour trouver des sources de financement des études relatives à ce mégaprojet estimées à un milliard d’euros.

Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique, Lahcen Daoudi, s’est pour sa part entretenu avec une délégation de hauts responsables d’établissements universitaires espagnols, alors que Abdelkader Amara, ministre de l’Industrie du Commerce et des NT, s’est entretenu avec José Manuel Soria, ministre espagnol de l’Industrie, de l’Energie et du Tourisme.

Maroc-Espagne

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